mardi 18 juin 2024

Le poison de l’analogie

Le raisonnement par analogie présente bien des avantages : transférer le connu sur l’inconnu, c’est une tentative séduisante. On peut même lui donner des fondements rigoureux sur le plan logique.  Si entre ensemble E muni d’une opération (*) et un ensemble F muni de l’opération (T) il existe un isomorphisme, les résultats des opérations sur E seront semblables aux résultats des opérations sur F. C’est parce qu’on peut établir un tel isomorphisme entre le plan muni d’un repère et l’ensemble des complexes que l’on donne des représentations graphiques des opérations algébriques et réciproquement. Malheureusement, ce qui est strictement établi en mathématiques l’est beaucoup moins quand on s’essaie aux analogies pour traiter des affaires humaines. Sokal et Bricmont avaient jadis traité des vertiges de l’analogie (Impostures intellectuelles). La topologie lacanienne est sans doute une chose très douteuse et Lacan aurait sans doute pu se passer avantageusement de ses nœuds borroméens, mais les dégâts causés par ces analogies ne sont pas bien graves. Quelques individus en profiteront pour briller dans des salons un peu snobs et c’est tout. Mais c’est en histoire, en raison de ses implications politiques immédiates que l’analogie me semble être un véritable poison.

samedi 15 juin 2024

En votre âme et conscience…

En dernier recours, chacun est appelé à juger « en son âme et conscience ». Le juré d’un jury d’assises n’a pas d’autre obligation que de juger « en son âme et conscience ». Nos décisions les plus importantes, les plus graves, nous ne les pouvons prendre qu’en notre âme et conscience. Cette expression est comprise de tous. Chacun fait l’expérience de cette intériorité contraignante que l’appelle aussi parfois la conscience morale, ou la conscience tout court : « conscience, instinct divin », écrit Rousseau dans la Profession de foi du Vicaire savoyard. Qui pourrait renoncer à cet appel à la conscience de chacun.

mercredi 12 juin 2024

Conservateur et non réactionnaire

On peut être conservateur sans être réactionnaire. Et peut-être faut-il ajouter qu’il faut être conservateur pour être révolutionnaire. En disant de George Orwell qu’il était un anarchiste tory, Jean-Claude Michéa a donné une version de ces paradoxes apparents qui ne peuvent étonner que ceux qui ne comprennent rien à la dialectique. 

samedi 1 juin 2024

Légalisation de l’aide à mourir : Le dernier pas vers l’abolition de l’humain.

Ainsi une loi se propose de légaliser « l’aide à mourir ». On pourra désormais demander au médecin la prescription d’une dose létale de quelque poison qu’on s’administrera soi-même ou que l’on demandera à un autre d’administrer. La chose est déjà très développée dans d’autres pays comme les Pays-Bas, la Belgique, le Canada, certains États des États-Unis, etc. En dépit des formules alambiquées, voire absurdes, comme « suicide assisté », il s’agit d’un processus général de légalisation de l’euthanasie.

Aktion 14 à l'oeuvre

Depuis l’utilisation qu’en avaient faite les nazis, l’expérimentant sur les malades mentaux dès 1939 avec le programme Aktion T4 qui a servi à tester les chambres à gaz, le mot a mauvaise presse. C’est pourquoi on doit le camoufler. Le programme nazi d’extermination des malades mentaux a conduit à la mort environ 300 000 personnes. Il s’agit de la première mise à l’épreuve de la théorie des « vies indignes d’être vécues ». Sans mettre en cause la bonne foi des militants de ADMD (association pour le droit à mourir dans la dignité), on ne peut s’empêcher de faire le rapprochement entre ces « vies indignes » et la « mort digne ». La banalisation des politiques orientées vers l’euthanasie est la signature de notre époque : faute de mettre toutes les forces sociales du côté de la vie, on préfère programmer la mort.

Le poison de l’analogie

Le raisonnement par analogie présente bien des avantages : transférer le connu sur l’inconnu, c’est une tentative séduisante. On peut même l...