Une contribution de Tony Andréani
La nature humaine fut toujours le grand sujet de
préoccupation de la philosophie politique. Ainsi, chez les modernes, Hobbes la
croit intrinsèquement mauvaise et Rousseau foncièrement bonne – tant que la vie
en société ne vient pas l’altérer. Et ceci va jusqu’à Nietzche, qui conçoit son
dépassement dans la figure du Surhomme, et qui inspirera, peu ou prou, les
philosophies « déconstructivistes » de la French Theory. aujourd’hui très à la mode. La question parcourt aussi
une multitude d’essais moins savants, et va se loger dans les discours les plus
quotidiens.
Mais c’est aussi un grand sujet de débat dans la
tradition marxiste, qui tantôt la récuse en invoquant la 6° Thèse sur
Feuerbach, qui dit que l’essence humaine n’est que « l’ensemble des
rapports sociaux » et qui conclut de là à son historicité radicale, et
tantôt rappelle que le terme de nature humaine réapparait de nombreuses fois
dans les œuvres postérieures de Marx.
Or voilà que la question a pris un tour nouveau avec
l’idéologie transhumaniste, qui, s’appuyant sur les « techno-sciences » qui font
florès de nos jours (la nanotechnogie, la biotechnologie, l’informatique et la
science cognitive, soit les NBIC), prône un dépassement avec « l’homme augmenté »
et débouche sur un « post-humanisme ». Il ne s’agit rien de moins que
d’en finir avec la nature humaine, telle qu’elle nous a été léguée par
l’évolution biologique, et telle qu’elle a été abordée par la philosophie des
Lumières et dans la théorie juridique des Droits de l’homme. Fin de l’espèce
humaine et création d’une nouvelle espèce, apte à dépasser les limites
biologiques encore actuelles grâce à toutes sortes de manipulations, voire d’hybridations
(avec la machine, avec l’animal et même avec le végétal), et capable de se
lancer dans des aventures intersidérales qui ne relevaient jusque là que du
domaine de la science-fiction. De telles lubies ont commencé à entrer dans le
domaine de l’expérimentation, appuyée sur des budgets colossaux. Voilà où nous
en sommes, et il est donc plus que temps d’en prendre la mesure et d’en
effectuer une critique sans concession[1].
Mais, auparavant, revenons sur la tradition marxiste,
qui s’appuyait sur la science de son époque, laquelle avait déjà fait
d’immenses progrès.
La nature
humaine dans la perspective du matérialisme historique
On ira assez vite sur le sujet. Marx connaissait la
théorie darwinienne. L’homme est le résultat d’une très longue évolution, mais ce
qui lui est propre est d’une part le travail, comme activité réglée et
finalisée (le travail « concret ») et comme dépense d’énergie en
quelque sorte planifiée, avec toujours un emploi du temps (le travail
« abstrait »), et d’autre part la coopération, sous la forme de
divers types de division du travail, de la plus simple (la division sexuelle du
travail chez les primitifs) jusqu’aux plus complexes et aux plus rebutantes (le
travail parcellisé dans la grande industrie). Une coopération qui explique
l’émergence du langage[2]
L’homme est aussi un être de besoins, des plus « animaux » aux plus
intellectualisés. Il existe donc bel et bien une anthropologie marxiste, qu’on
pourrait examiner avec plus de détails, mais cette nature humaine est
susceptible d’évolution, car le système social, et en particulier le système
capitaliste, lui imprime des tours particuliers générateurs d’aliénations, ce
qui fonde la nécessité de transformations révolutionnaires et d’une politique
d’émancipation.
Qu’est-ce à dire ? Restauration d’une nature
première et d’une autonomie originelle, opposée à toutes les
hétéronomies ? Non point. Il faut concevoir la nature humaine comme un champ de possibles, ce qui veut dire
aussi qu’il existe des limites, des
impossibilités. A partir de là, des successeurs de Marx ont milité pour la
création d’un homme « nouveau », non point d’un surhomme, mais d’un
homme délivré des limites que lui
imposaient les systèmes sociaux antérieurs, et en particulier le système
capitaliste. Cet homme devait devenir de plus en plus social et par suite faire
montre d’une moralité supérieure. C’était une question de révolution et
d’éducation. On sait à quel point les soviétiques ont échoué, et l’occasion a
été belle pour dénoncer l’utopisme de leur collectivisme et leur autoritarisme,
assimilé à un totalitarisme – alors qu’un autre courant communiste, tout aussi
collectiviste, se réclamait de l’anarchisme. Aujourd’hui encore la volonté
attribuée aux dirigeants chinois de transformer l’homme en le moralisant avec
l’institution d’un « crédit social » pour sanctionner ses bons et
mauvais comportements est considérée comme une injure faite à l’individu et à
ses droits. On peut en discuter. Notons seulement qu’il ne s’agit pas de créer une nouvelle
espèce post-humaine, mais d’améliorer l’homme tel qu’il est, dans des conditions
sociales et historiques données, sans quitter la zone des possibles.
D’autres
choses que nous avons apprises sur la nature humaine
Il y en a tellement qu’on ne peut que balayer le
sujet, à partir de ce que la biologie, les études préhistoriques, l’ethnologie,
l’histoire, la sociologie, la psychologie nous ont appris. L’homme a des
« besoins génériques », pour reprendre un terme de Marx, autrement
dit possède, en sus du travail et de la coopération, des traits invariants, et ceci quelle que soit la diversité des
cultures et des individus et bien qu’ils soient souvent difficiles à
reconnaître à travers des cas relevant d’une pathologie physique ou sociale.
S’il existe aussi ce qu’on peut appeler
des « besoins spécifiques » de classe, liés à la classe sociale, ils
doivent bien, d’une certaine façon, « s’étayer » sur les besoins
génériques, ce dont nous reparlerons.
On peut très schématiquement, nommer ces besoins
génériques[3]. Ce
sont d’abord des besoins « animaux » tels que la faim, la soif, le
besoin de sommeil et d’évitement de la douleur, mais sous des formes
ritualisées ou symboliques bien plus élaborées que chez nos cousins les plus
proches (les chimpanzés). Ainsi de l’art de la cuisine. Ce sont ensuite des
besoins d’exploration et d’apprentissage, conduites elles aussi déjà présentes
chez l’animal supérieur. Le travail lui-même n’est pas seulement le propre de
l’homme, mais apparait comme un besoin, procurant une satisfaction spécifique,
théorisée par un auteur trop oublié, Gérard Mendel, avec le concept
d’actepouvoir[4]. On peut parler encore
d’un besoin de jeu, évident chez les animaux supérieurs, mais s’estompant dans
leur cas avec l’âge, et d’un besoin esthétique (lié à la fonction symbolique), déjà
manifeste dans les peintures rupestres. Comme l’homme ne peut se développer que
dans une structure familiale ou assimilée, il existe aussi de véritables
besoins sociétaux, débordant sur des groupes plus larges, besoins également
présents chez les animaux supérieurs, chez lesquels on trouve des formes de soin
et d’entraide « conscientes » (car l’on sait que de telles formes
existent aussi jusque dans le règne végétal, par exemple entre les arbres, mais
apparemment sans conscience aucune, ayant été simplement sélectionnées par
l’évolution). Ce sont ces « instincts sociaux » dont parlait Darwin. Vient
ensuite le besoin sexuel, généralement mais pas toujours tourné vers l’autre
sexe. Car nous sommes une espèce sexuée et hautement consciente de l’être (les plantes
aussi sont sexuées, mais sans le savoir). Enfin on peut parler d’un besoin
agressif, issu originellement de la lutte pour la survie et pour la
reproduction, mais lié chez l’homme à sa capacité d’individualisation et de
mimétisme, qui le fait entrer en rivalité avec son semblable.
Cette analyse sommaire n’était là que pour montrer que
nous sommes conditionnés par notre nature biologique, mais il faut aller plus
loin dans l’analyse de cette nature. Trois traits fondamentaux, invariants,
caractérisent l’espèce humaine. Il s’agit d’abord de la prématuration de
l’enfant humain et de la discordance sensori-motrice qui s’ensuit,
caractéristiques essentielles également soulignées par Gérard Mendel. Elles
entraînent à la fois une forme d’impotence, dans les toutes premières années de
l’existence, que l’animal ne connaît pas, et qui le rend intimement lié à ses
parents, la mère en priorité, et une forme d’inconscience spécifique, correspondant
à un univers de « sensations » sans débouché moteur, qui sera
générateur d’un inconscient profond. L’enfant devra s’en sortir en
intériorisant autrui sous la forme d’un double (c’est le stade du miroir, qui
va bien au-delà de la reconnaissance par l’animal supérieur de lui-même dans un
reflet) et en pouvant ainsi dire « Je » (avant de s’opposer, dans la
phase du Non, à ses parents) Le deuxième trait est l’interdiction de l’inceste,
une interdiction présente dans toutes les sociétés humaines et seulement
transgressée par des individus qui se disent des demi-dieux (par exemple le
grand chef Inca, qui pouvait épouser ses sœurs). Cette prohibition, qui
présente des avantages adaptatifs pour l’espèce, a des conséquences majeures,
puisqu’elle sera à l’origine des codes moraux. Le troisième trait invariant est
la conscience de la mort. Sans doute bien des animaux ont-ils une conscience de
la mortalité, non seulement de celle qu’ils provoquent ou constatent, mais de
celle qui atteint leur propre espèce (il leur faut bien se battre pour
survivre), mais ils ne la vivent pas comme l’horizon inéluctable de leur propre
vie. On sait le traumatisme vécu par l’enfant lorsqu’il sait que ses proches
mourront et que lui-même disparaîtra. Tous les philosophes ont réfléchi sur la
mort et toutes les religions ont cherché à lui trouver un au-delà.
Ce sont ces trois traits structurels qui font que l’homme
n’est pas seulement un être de besoin, mais de désir. Le besoin s’épuise avec la satisfaction, tandis que le désir
ne connaît pas de répit, n’a pas de fin. Plongeant ses racines dans un
inconscient forclos (la psychanalyse parle d’un « refoulement primaire »),
il est à la poursuite de là jouissance originaire, tout en fuyant une
souffrance elle aussi originaire (jouissance et souffrance sont des états
extrêmes, bien différents du plaisir et de la peine). D’où, notamment, la
recherche du paradis perdu et l’angoisse de l’abandon, et la tendance à
dépasser toujours ses propres limites (ainsi dans le sport extrême ou avec
l’usage de drogues). On peut faire ici, semble-t-il, l’économie de la notion
freudienne d’une pulsion de mort inscrite dans tout vivant. L’intériorisation
d’un double fait ensuite que le sujet ne peut jamais plus coïncider avec
lui-même. Ce qui est la source de la délibération, de la réflexion et de la
« conscience de soi », devient en même temps la recherche infinie de
l’unité perdue (d’où la tentation narcissique), ou de l’âme sœur pour échapper
à la solitude.
Le désir s’origine également dans la prohibition de
l’inceste : il s’agit de transgresser cette interdiction tout en la
respectant, ce qui est une tâche sans fin (cf. le conflit, chez Freud, entre le
Ca et le Surmoi). Ici l’Eros freudien (car il y a bien évidemment aussi un eros
infantile) est d’abord probablement lié à la recherche de la jouissance, bien
antérieure à l’apparition du désir sexuel proprement dit lors de la puberté,
mais un désir qui se heurte à l’existence du Père (quel qu’il soit), qui lui
fixe une limite[5].
Le désir enfin est lié à l’angloisse de la mort, qu’il
faut toujours repousser par la construction de nouveaux projets, tout en
l’évacuant dans un fantasme de l’immortalité, la manière la plus immédiate
étant de s’inscrire dans une généalogie (on sait combien le sujet humain est
hanté par la recherche de ses géniteurs, quand il ne les connaît pas), d’où les
cultes funéraires qui permettent d’établir une continuité, et la plus élaborée
étant la religion, avec la foi dans une prédestination.
On terminera ces brèves indications en disant que les
rapports de classe (les rapports d’exploitation et de domination, variant selon
les modes de production) ont des effets sur les besoins génériques, en les
faisant en quelque sorte muter (on peut ici reprendre le concept freudien de
« destins de pulsions »)[6].
C’est ainsi que l’agressivité se transforme en désir de domination, et que la
violence subie entraine des mécanismes inconscients de défense, voire un désir
de soumission (d’où la « servitude volontaire »).
C’est l’ensemble de ces traits anthropologiques que le
post-humanisme ne sait pas reconnaître ou ignore délibérément.
L’hubris du
transhumanisme
L’hubris, c’est la démesure et le règne du fantasme[7]. En
voici quelques manifestations actuelles, prenant appui sur les
« techno-sciences », c’est-à-dire sur des technologies qui se
prennent pour des sciences à part entière, alors que toute l’histoire du
progrès scientifique suppose une distinction entre la science fondamentale et
ses applications, lesquelles peuvent
donner lieu à des usages utiles à l’humanité comme à des usages négatifs ou
désastreux. L’oubli de cette distinction déconstruit la science elle-même,
comme on le voit dans le courant « déconstructiviste » en philosophie
et dans les sciences sociales[8].
Le projet transhumaniste vise d’abord à améliorer
l’espèce humaine, en substituant à la sélection naturelle une sélection
artificielle, plus ou moins inspirée de la pratique des éleveurs et des
jardiniers. Puisque l’homme a été capable de transformer la nature, pourquoi ne
pourrait-il pas transformer sa propre nature, puisqu’il sait maintenant
déchiffrer le patrimoine génétique et agir sur lui ? On retrouve ici
l’eugénisme[9], qui a cru pouvoir
extrapoler de la découverte darwinienne et de la génétique naissante que tout
était inscrit dans les gènes, et que, en agissant sur eux, on sélectionnerait
les individus les plus aptes (en admettant parfois que le contexte social jouait
un certain rôle). L’idée était alors d’éliminer les moins aptes et les
handicapés, soit en les empêchant de s’accoupler, au moins en retardant la date
de leur mariage, soit en les supprimant, comme feront les nazis pour les
« dégénérés ». Cet eugénisme, corrélé à un « darwinisme
social », que les généticiens eux-mêmes ont remis en cause[10], était
tellement contraire au fait qu’ils étaient quand même des hommes, tellement
attentatoire à leur dignité, que de telles pratiques ont été prohibées. Mais
l’eugénisme a été relancé sous une autre forme avec la technique de la
fécondation in vitro, destinée à l’origine à permettre aux couples infertiles
d’avoir quand même des enfants. Aujourd’hui on peut fabriquer ses enfants sur
mesure, non seulement en éliminant les gamètes susceptibles de provoquer des
tares ou des maladies incurables, ce qui pourrait être considéré comme un
progrès, mais encore en choisissant des traits physiques comme la couleur de la
peau ou des yeux. Cette biotechnologie est devenue une industrie florissante,
surtout quand l’un des partenaires d’un couple ne peut ou se sent incapable de
jouer son rôle biologique (cas des homosexuels et des transgenres ). On pourra alors chercher un donneur de
son choix dans une banque de sperme ou d’ovules. On pourra avoir des
« enfants » quand on veut et comme on veut. aussi parfaits que souhaité.
L’eugénisme est ainsi devenu une affaire individuelle.
Ces pratiques sont souvent valorisées au nom de
l’égalité : pourquoi des individus qui ne sont pas responsables de leur
orientation sexuelle ne pourraient-ils devenir des parents comme les autres,
avec le même « droit à l’enfant » ? Elles sont contestées au
titre des droits de l’enfant à venir : pourquoi celui-ci n’aurait-il pas
droit à une filiation complète comme les autres enfants, avec des parents bien
identifiés ? Elles le sont aussi au regard d’une marchandisation des
gamètes et des corps. Mais surtout elles sont contraires à la sélection
naturelle, qui, certes, a des ratés, mais qui conduit à la plus grande
diversification et donc à l’enrichissement de l’espèce. De plus, comme le
remarquaient déjà certains eugénistes dans le passe, des individus souffrant
d’handicaps divers peuvent être des génies, et la médecine est là pour leur
permettre de mieux vivre.
Nous quittons le champ d’une
« amélioration » de l’espèce pour celui de sa transformation :
le corps humain peut être remodelé à volonté par la chirurgie ou l’implantation
de prothèses diverses, jusqu’à des puces dans le cerveau. Or ici on entre dans
la mystification. La bio-technologie peut certes, et c’est heureux, fournir des
palliatifs : remplacer un cœur défaillant par un cœur artificiel,
effectuer une greffe d’organe, permettre de substituer à un membre absent un
membre artificiel connecté à une zone du cerveau etc. Mais on n’a rien
transformé, et ce que l’on a remplacé fonctionne toujours moins bien que dans un organisme intact. Toute cette chirurgie est
une chirurgie réparatrice, nullement
une chirurgie qui augmente ou crée des capacités. Et ceci s’applique aussi aux
cas où l’on opère une véritable transformation organique.
Tel est celui des interventions médicales pour opérer
un changement de sexe. Interventions lourdes qui reposent sur un bombardement
hormonal et sur une chirurgie qui supprime des organes sexuels pour les
remplacer par des substituts (un morceau de peau pour reconstituer une sorte de
pénis, de la peau d’organes masculins pour fabriquer une sorte de vagin). Il
s’agit ici de bouleversements physiologiques
et de véritables mutilations qui ne permettent absolument pas de disposer d’une véritable sexualité - laquelle est évidemment
maintenue chez les homosexuels[11]. Si
réparation d’une anomalie il y a, elle ne peut être que psychique. Libre aux
individus qui ne supportent plus leur condition de se lancer dans une
entreprise aussi périlleuse, et source d’autres troubles psychiques, mais c’est une escroquerie (rentable) que de
leur faire miroiter une transformation réussie.
Transformation il y a aussi quand on agit sur des
corps pour accroître leurs performances par l’usage de drogues diverses ou
d’injections d’hormones, afin de fabriquer des sportifs de haut niveau, dans
une course sans fin aux records destinée à faire du spectacle. Ils le paieront
de leur santé.
Avec la fabrication d’enfants, la transformation
d’organes, comme si le corps était un
ensemble de pièces détachées que l’on pourrait remplacer à volonté, et la
stimulation artificielle des capacités physiques ou intellectuelles (à ne pas
confondre avec les pratiques traditionnelles, qui ne visent qu’à une meilleure
maîtrise par l’organisme lui-même de son fonctionnement), on viole ce que des
millions d’années de l’évolution ont réalisé pour aboutir à l’espèce homo
sapiens sapiens, et ceci à travers une complexité proprement inouïe, déjà au
niveau d’une simple cellule, dont on commence seulement à prendre la mesure. C’est
pour ne pas le voir que le transhumanisme succombe à un véritable fantasme de toute puissance et
tombe dans le délire.
Une chose est de prolonger les sens par des dispositifs
électroniques qui permettent de mieux ou plus voir, entendre ou sentir (en
allant par exemple de la simple lunette à la lunette video connectée sur de la « réalité augmentée », et
au casque connecté sur une « réalité virtuelle ») ou de lier une
prothèse à une région du cerveau, une autre est de s’insérer dans le corps des
puces qui accroitront ses capacités. On croit ainsi pouvoir combiner une pièce électromécanique
avec de la matière biologique : c’est la figure du cyborg, ou de l’homme
bionique. Cette hybridation est tout simplement impossible : elle repose
sur l’idée que tout est bâti à partir de composants élémentaires
équivalents (l’atome, le gène, le neurone, le bit), alors qu’ils n’ont
rien à voir les uns avec les autres. Le délire mécaniciste atteint son comble
quand on pense à s’injecter du sang de cheval, sans doute pour courir plus
vite, ou de la matière végétale, pour gagner en longévité. Bonjour les dégâts,
quand on sait que de simples médicaments ont toujours des effets secondaires,
dont il importe d’évaluer l’ampleur, et qui au surplus varient selon les
individus.
C’est pourtant en s’appuyant sur ces représentations
imaginaires que les transhumanistes entendent modifier la nature humaine. Ils
en attendent un prolongement de la durée de vie (sans doute avec des gènes de
tortue ou d’arbres), et même une perspective d’immortalité (on cryonisera un
cadavre pour le ressusciter le jour venu, on fabriquera un clone qui pourra
vous survivre, et, dans l’immédiat, vous fournir des pièces de rechange, comme
on fait avec une automobile, on transplantera le cerveau dans un disque dur qui
contiendra toutes les informations de votre vie). Ce qu’il faut remarquer ici
est non seulement que c’est impossible, la vie n’étant pas près de révéler tous
ses secrets, mais que ce n’est aucunement souhaitable, en dépit des promesses
faites par les religions. D’abord cela créerait des inégalités constitutives
entre les êtres humains : il y aurait les cyborgs, et les autres qui
deviendraient des sous-hommes, une espèce différente. Ensuite prolonger la vie
est sans doute un désir de chacun, mais la prolonger sans limite empêcherait le
renouvellement des populations ou encombrerait encore plus la planète. Devenir
immortel détruirait tout le sens de l’existence. Nous l’avons dit, c’est la
perspective de la mort qui fait que l’homme est sans cesse porteur de projets
(se construire une vie, une carrière, une œuvre etc.), car il sait que le temps
lui est compté. A défaut de cet horizon temporel rien ne s’opposerait à une procrastination
sans fin. Et, dans un monde d’immortels on s’ennuierait énormément, car
disparaitrait tout sentiment d’urgence. Dans une nouvelle de Dino Buzzati[12], on
voit les Bienheureux dans le Ciel envier ces misérables humains tellement
occupés à ces passions qui les agitent et à ces futilités qui les font vivre.
L’époque post-moderne est hantée par le dépassement de
toutes les limites (on verra tout à l’heure pourquoi). Patrick Tort essaie d’en
rendre compte avec un concept venu de la théorie de l’évolution, l’hypertélie[13]. On
observe chez des animaux d’étranges excroissances qui semblent ne représenter
aucun avantage adaptatif : ainsi pour les ramures disproportionnées des
cerfs qui les handicapent dans le combat pour la vie ou la reproduction. Que
signifie cette hypertélie ? Elle les favorise pourtant car elle accroit
leur pouvoir de séduction auprès des femelles. Mais, à terme, le déploiement de
cette fonction symbolique peut aboutir à une disparition de l’espèce, ce dont
la paléontologie fournir de nombreux exemples. Or l’homme, qui a immensément
développé, avec la possession du langage et l’invention d’instruments, le champ
du symbolique, est menacé des mêmes excès, pouvant entraîner les mêmes risques
de disparition (de même qu’il est en train de mettre en péril l’habitabilité de
la planète). L’intérêt de cette hypothèse est qu’elle est de nature purement
biologique. En tous cas, elle nous suggère que l’on ne modifie pas impunément
les processus naturels. Ce qu’on appelle « la civilisation » s’est
effectivement substitué à la sélection naturelle : du premier homme
préhistorique à aujourd’hui, il n’y a eu aucune mutation, seulement des
modifications de détail, concernant par exemple la taille ou les résistances
immunologiques, qui n’altèrent en rien l’unité de l’espèce. Vouloir dépasser
ses limites ne reviendrait pas à transforment l’homme en une espèce supérieure,
mais à le détruire. Ce serait « l’extinction de la vie organique »,
et « tuer la mort serait tuer la vie ».
Le transhumanisme n’est que la pointe extrême d’une
dérive techniciste qui met à mal la nature humaine, car celle-ci est
profondément atteinte par les technologies issues de l’informatique.
Les
technologies de l’information et de la communication sont la source de
pathologies physiques et mentales
Les nouvelles technologies (les NTIC) reposent toutes
sur ces technologies de l’information et de la communication, et encore plus
depuis la mise en œuvre de l’intelligence artificielle. Et, au fond de ces
technologies, se trouve l’idée que tout pourrait se ramener à des opérations de
logique et de mathématique, telles qu’elles sont transcrites dans des
algorithmes.
On ne va pas contester ici l’utilité et la puissance
de ces outils, mais certains usages qui en sont faits, au regard de nos besoins
et de nos désirs. La question étant aujourd’hui largement débattue et
instruite, on se contentera de relever quelques points.
La communication par l’internet et les réseaux sociaux
démultiplie certes les échanges, avec tous les avantages qui en résultent, mais
au prix d’une insatisfaction profonde des besoins sociaux. On a noté la
pauvreté de la plupart de ces échanges, qui ne se font plus de face à face,
mais à travers des écrans. Les video-conférences ont leur utilité dans les
affaires ou dans la médecine à distance, mais rien ne vaut l’échange direct.
Idem pour le télétravail. Les mails et textos ne remplacent pas le dialogue et
sont généralement d’une telle brièveté, y compris à travers l’abréviation linguistique,
qu’ils ne disent pas grand-chose, quand ils ne tournent pas au pugilat verbal
ou ne permettent pas des manipulations (ainsi dans les « rencontres »
pour trouver des partenaires sentimentaux ou sexuels). Les téléphones
portables, si utiles pour joindre un correspondant à tout moment et trouver
rapidement une information, sont devenus de véritables prothèses, dont on ne
peut plus se passer, au point de créer des addictions (le nombre d’heures
passées devant le petit écran a dépassé celui devant les grands écrans). Cette
humanité en permanence connectée est en fait déconnectée du réel de la vie en
société, dont elle ne reçoit que des images ou des morceaux de discours. C’est ainsi
le besoin de communauté qui se trouve frustré ou dévié, les communautés
virtuelles se construisant aussi facilement qu’elles peuvent se détruire et
tendant à s’opposer les unes aux autres faute de médiations.
Les neuro-physiologistes ont montré à quel point
l’usage excessif des écrans est nocif pour la santé physique et mentale et même
pour le développement des aptitudes : c’est la fabrique du « crétin
digital »[14]. Rien ne remplace, chez
l’enfant en particulier, la découverte patiente du monde réel.
Le règne de l’image digitale non seulement éloigne de
la réalité, mais encore fournit un support puissant au narcissisme. On connaît les
milliards de photos échangées qui n’ont pour but que de se faire valoir (les
selfies). Les jeux video exploitent le besoin de jeu en le détournant du
concret ou de la liberté de l’imaginaire, telle qu’elle s’exerce dans la
lecture d’un ouvrage de science fiction. Et ceci jusqu’à l’addiction.
Les smartphones font exploser les relations familiales
ou amicales. On connaît ces repas en famille ou ces rencontres entre amis où
plus personne ne peut parler à personne. Nos besoins sociaux sont détournés de
leurs destinataires naturels. On évoquera aussi le simulacre de relations
sociales que représentent non seulement les robots téléphonique, mais encore les
robots dits de compagnie.
Les relations amoureuses ou sexuelles sont également détériorées
par les échanges virtuels (textos et sextapes) qui font que, au lieu
d’apprendre à se faire connaître et à connaître l’autre, comme du temps où l’on
faisait sa cour, on fait son marché. Et le comble est atteint quand le
partenaire est un robot, comme c’est le cas pour ces jeunes Japonais qui, ayant
cherché à se satisfaire leur besoin sexuel avec des robots ad hoc, restent
vierges très longtemps et ont les plus grandes difficultés par la suite.
Bref, il y a, comme dirait Freud, un malaise dans la
civilisation. C’est que, en dépassant les possibles, en franchissant les
limites, on a stérilisé les possibles réels. Reste à savoir comment tout cela
est arrivé.
Les sombres
effets du capitalisme libertaire
Le capitalisme traditionnel mettait la nature humaine
à son service, mais sans le pouvoir ni l’ambition de la transformer. Il
générait la faim et la misère, mais ne connaissait pas le consumérisme de
masse, si apte à faire oublier les frustrations. Il bloquait les possibilités
de découverte, d’éducation et d’apprentissage, en les réservant à ses élites,
mais ne les détournait pas de leurs buts. Il tuait le plaisir au travail, mais
lui laissait un peu de champ dans le temps libre restant (c’était le temps du
bricolage, de la « perruque », et des jardins ouvriers). Ancré dans le
patriarcat, avec tous les effets de soumission correspondants, il vantait les
valeurs familiales, lors même qu’il les bafouait pour son propre compte. Il
cherchait à empêcher ou briser les collectifs, mais les renforçait sans le
vouloir. Et l’on pourrait continuer la liste de ses effets, qui revenaient à réduire le champ des possibles.
Le capitalisme que nous appellerons ici libertaire est
d’une toute autre nature, car il vise expressément à transformer notre nature,
tout comme il le fait avec la nature elle-même (par exemple avec les OGM et les
pesticides), à l’aide des nouvelles techno-sciences. et ainsi à dépasser toutes les limites.
Il est de la nature du capitalisme de poursuivre une
accumulation sans fin du capital, mais, plus il avance, plus il recule son
horizon. Pour parler comme Patrick Tort, il est hypertélique. Cependant ce qui
se concevait à l’époque où la planète laissait beaucoup de matières
renouvelables à exploiter, n’a plus de sens aujourd’hui, quand elles
s’épuisent. Ce qui se faisait à une époque où le climat était encore stable, où
la pollution était limitée à certaines zones et où les écosystèmes n’étaient
pas trop modifiés, n’est plus soutenable. C’est sans doute, comme le pense le
même auteur, parce que ses tenants en ont une certaine conscience, devant
toutes les preuves s’accumulant, qu’ils donnent dans la dénégation (au mieux les
entreprises se mettent au vert, et disent ainsi résoudre les problèmes) ou se fixent
des objectifs chimériques (aller vers d’autres planètes pour y trouver les
ressources manquantes, ou les habiter). Et ce n’est nullement un hasard si les
grands manitous de la Silicon Valley consacrent leurs immenses profits à une
conquête spatiale avec de tout autres buts que la recherche scientifique.
Ce capitalisme est foncièrement libertaire, parce
qu’il a pour valeur cardinale la liberté sans restriction de l’individu et la
destruction de ce qui fait réellement société. Les droits de l’individu
seraient selon lui inviolables et la notion de justice sociale n’aurait aucun
sens. La société n’existe pas, il n’y a
que des individus, proclamait Margaret Thatcher, à l’école de Friedrich
Hayek. Le marché est le seul mode de coordination valable et efficace entre les
individus. Encore faut-il qu’il y ait des règles, et que ces règles soient de
« juste conduite », disait ce dernier, donc qu’il reste un Etat pour
les instituer et les faire respecter. Le libertarisme proprement dit va encore
plus loin : il n’est pas besoin de cette instance collective qu’est
l’Etat, tout peut être réglé par des agences privées, et par des négociations
sur des marchés particuliers. Il n’est pas exagéré de dire que le capitalisme high tech va dans ce sens. Toutes les
inégalités, jusqu’aux plus colossales, sont présentées comme légitimes, car elles
sont censées résulter de l’audace et du talent des entrepreneurs. La fiscalité
est un vol, si bien qu’il est normal d’y échapper ou de la contourner de toutes
les façons. Les GAFAM n’ont de compte à rendre à personne - ce qui a fini par
écoeurer quelques uns de leurs dirigeants, mais qu’importe.
Il n’est pas étonnant, dans ces conditions que l’individu soit lui-même devenu un marché,
à la fois dans un marché du travail dérégulé et dans la sphère de la
consommation. Il ne s’agit pas seulement de répondre aux besoins et aux goûts
d’un consommateur dit « souverain » par la théorie économique, mais
de le formater pour lui faire acheter ce que l’on a décidé comme devant être bon
pour lui, du produit euphémisé par la publicité (on a parlé, à juste titre,
d’un « capitalisme de la séduction »[15]) au
dernier cri ou gadget de le technologie de pointe. C’est ce qu’on a pu appeler
« la fabrication de l’individu néolibéral »[16].
Une fois fabriqué, cet individu a tous les « droits » :
de choisir son « genre » et ses bébés, de modifier son organisme par
des implants et des chirurgies, esthétiques ou non, de s’exhiber ou de se
prostituer si bon lui souhaite, de répondre à toutes les offres des marchés, venant
des entreprises ou d’autres individus, si elles lui agréent, de décider comment
il va s’assurer contre les risques de l’existence au meilleur prix, pourvu
qu’il communique toutes les données personnelles relatives à ses risques, etc. On
assure lui offrir le plus grand champ de possibles, mais ce n’est pas lui qui
les a choisis : ce sont tous ceux qui escomptent en tirer de l’argent et
des profits.
En substituant aux droits de l’homme, qui
reconnaissent l’éminente dignité de toutes les personnes et les devoirs
qu’elles ont les unes envers les autres (notamment en contribuant à l’impôt
selon ses moyens), les droits de l’individu, on détruit tout l’héritage des
Lumières, certes souvent ambigu, mais qui, avec les progrès à venir, faisait
espérer un avenir meilleur pour tous. Un héritage qui allait aussi faire
prévaloir les principes moraux, au sens de Kant, sur les intérêts individuels,
tout en laissant aux individus le choix de leurs modes de vie, de leurs
éthiques personnelles[17]. Des
principes qui s’imposeraient aussi aux gouvernants et au gouvernement lui-même.
Le capitalisme libertarien, en exaltant la liberté aux dépens de l’égalité et
de la solidarité, rompt avec toutes ces promesses, ne connaît que des éthiques
changeantes au gré des humeurs des dominants. C’est en ce sens qu’il est
post-moderne[18]. Plus qu’aucun autre mode
de production dans l’histoire, y compris ceux qui séparaient radicalement les
ordres sociaux (entre maîtres et esclaves, entre noblesse héréditaire et
manants, entre aristocratie d’Etat et simples paysans), il a développé les
inégalités, et ceci dans des proportions inouïes (pour mémoire, selon Oxfam,
les 1% les plus fortunés sont trois fois plus riches que 90% de la population
mondiale). Il a, avec les technologies de l’information et de la communication
et les immenses bases de données dont il a pu s’emparer, exercé un contrôle
sans précédent sur les comportements des individus à des fins mercantiles. Et,
face aux résistances diverses plongeant leurs racines dans la nature humaine,
il a entrepris de la changer et fait miroiter toutes sortes d’illusions, tout comme
les religions du salut. Il nous mène ainsi au bord d’une catastrophe non
seulement dans l’oecoumène, mais encore d’une catastrophe anthropologique. De
l’imminence de la première les humains que nous sommes en prennent de plus
conscience, ce qui se manifeste à travers le succès de la collapsologie, mais
de la prise de conscience de la seconde, hors de certains cercles
intellectuels, on n’en est encore qu’aux balbutiements.
[1] Je
renvoie ici à l’excellent ouvrage collectif, très documenté et très argumenté, La transmutation posthumaniste. Critique du
mercantilisme anthropologique, QS ? Editions, 2019. Je m’en suis
souvent inspiré.
[2]
Hypothèse qui sera largement développée par Gérard Mendel dans ce remarquable
ouvrage qui s’intitule La chasse
structurale. Une interprétation du devenir humain, Editions Payot, 1977.
[3]
J’avais fait une première approche de la question dans mon livre De la société à l’histoire, tome1, Les concepts communs a toute société,
Editions Méridiens Klincksieck, 1989, p. 431-521. Je l’ai enrichie par la
suite.
[4] Cf.
Gérard Mendel, L’acte est une aventure.
Du sujet métaphysique au sujet de l’acte-pouvoir, Editions La Découverte,
1998. Pour lui l’acte n’est pas la concrétisation d’une idée, mais une
rencontre avec le réel, à la fois gratifiante et « blessante pour le
narcissisme ».
[5] A la
structure oedipienne sont également liés des fantasmes, tels que le fantasme de
séduction et le fantasme de castration.
[6] C’est
ce que j’ai proposé notamment dans mon essai Un être de raison. Critique de l’homo oeconomicus, Editions
Syllepse, 2000, p. 154 sq.
[7] Il
s’agit du fantasme de toute puissance, qui plonge ses racines dans
l’inconscient infantile, et qui, allant à l’encontre du principe de réalité,
suscite tout un imaginaire (cf. les super-héros, que les enfants adorent).
[8] Le
déconstructivisme philosophique, illustrée par des auteurs comme Michel
Foucault, Jacques Derrida et Gilles Deleuze, a ceci de commun qu’il ne fait des
sciences que des formations discursives parmi d’autres, en récusant les ruptures
qu’elles entrainent dans la savoir, ruptures qui étaient le ferment des
Lumières. Il n’est pas étonnant qu’il s’en prenne en particulier à la théorie
marxiste de l’histoire et au freudisme, sur la base d’une connaissance très
superficielle et de survol de ces théories. Mieux : il exploite des
savoirs nouveaux, tels que le structuralisme en linguistique, pour déconstruire ces théories (par exemple Lacan
et Deleuze pour la psychanalyse), au lieu de les faire progresser, comme elles
font de leur propre mouvement quand elles modifient leurs paradigmes. On
aboutit à de véritables hérésies scientifiques, telles que celles que l’on
trouve dans ce que les universitaires états-uniens appellent la French Theorie.
Le problème des
techno-sciences est qu’elles s’appuient sur des bribes de science pour en faire
des applications détachées de leurs supports, ce qui les transforme facilement
en apprentis sorciers.
[9] On
trouvera un historique détaillé de l’eugénisme dans la contribution de
Pierre-André Taguieff, « De l’eugénique positive au transhumanisme »,
in La transmutation posthumaniste,
op. cit. p. 79-138.
[10] Cf.
Richard Lewontin, Steven Rose, Leon Karmin, Nous
ne sommes pas programmés, Editions La Découverte, 1985, et l’ouvrage
collectif L’homme neuronal, 30 ans après,
Editions Rue d’Ulm, 2016.
[11] Cf.
la contribution de Denis Collin, « Transgenre. Un posthumanisme à la
portée de toutes les bourses », in La
transformation posthumaniste, op. cit. p.267-294.
[12]
« La chute du saint », dans le recueil de nouvelles Le K, Editions Robert Laffont, 1967,
pour lé traduction française.
[13] Cf.
sa contribution « L’intelligence des limites » in La transmutation posthumaniste, op.
cit., p. 138-168.
[14] Cf.
Michel Desmurget, La fabrique du crétin
digital. Les dangers des écrans pour nos enfants, Editions du *Seuil, 2019.
[15] Cf.
Michel Clouscard (Le capitalisme de la
séduction, Editions Delga, 2006).qui a cette heureuse formule :
« Tout est permis, mais rien n’est possible ».
[16] Cf.
Pierre Dardot et Christian Laval, La
Nouvelle Raison du monde. Essai sur la société néolibérale, Editions La
Découverte, 2009, Chapitre 13.
[17] Cf,
à ce sujet, et notamment sur la différence entre morale et éthique, les
ouvrages de Yvon Quiniou, en particulier, L’ambition
morale de la politique. Changer l’homme ? Editions L’ Harmattan, 2010,
et celui de Denis Collin, Questions de
morale, Editions Armand Colin, 2003.
[18] Le
courant post-moderne veut en finir avec la nature humaine, donc avec les
grandes théories qui tentent d’en définir les contours et les possibles afin de
les inscrire dans une perspective de progrès. (notamment le marxisme et le
freudisme).
Je m'appelle Hidago Daniel. J'ai promis de raconter aux autres le merveilleux travail de celui qui m'a ramené mon ex petite amie. Il est DR.WEALTHY qui est un orthophoniste et a pu ramener mon ex. Mon ex m'a quitté le jour même où elle a rencontré son amie à ma place, dont, sans le savoir, je n'avais rien à voir avec elle. Elle est devenue furieuse à la vue même de son amie et j'étais confus si elle était initialement folle d'elle. Des jours en semaines et des semaines en mois, mon ex-petite amie ne m'a pas dit un mot en s'éloignant. Que devais-je faire? C'est ainsi que j'ai contacté DR.WEALTHY sur Internet qui, après quelques procédures et progrès, a ramené mon ex. Les mots ne suffisent pas à exprimer mes sentiments et ce que DR.WEALTHY a fait pour moi. Il a vraiment soulevé une lourde charge sur ma poitrine. À tous ceux qui sont là-bas, ne pensez pas que votre situation est trop primitive ou trop difficile et compliquée à comprendre. Contactez DR.WEALTHY et retrouvez la joie, contactez-le; wealthylovespell@gmail.com vous lui parlez également au +2348105150446
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