samedi 14 août 2021

Mon corps m'appartient-il?

(Bonnes feuilles, extraites de La Force de la morale, par Denis Collin et Marie-Pierre Frondziak, éditions R&N, 2020)

« Mon corps m’appartient ! » : ce fut le cri de guerre des mouvements pour la liberté de l’avortement et de la contraception dans les années 1970. C’est aussi la légitime revendication des femmes, non seulement contre les violeurs patentés, mais aussi contre les « gros lourds » ou les maris ou compagnons qui croient avoir des droits d’exiger l’accomplissement du triste « devoir conjugal ». Mais au-delà de cet usage défensif si utile, il n’est pas certain que la proposition « mon corps m’appartient », sans le point d’exclamation rageur, soit moralement acceptable. Le corps propre, ce qu’on désigne par « mon corps », est-il une chose qui puisse m’appartenir, comme ma maison ou mon chapeau et dont je puisse disposer à volonté ? Mais s’il n’est pas « ma » propriété, à qui appartient-il ? Le croyant répond qu’il appartient à Dieu, mais encore faut-il être croyant ! On peut aussi répondre que je n’ai pas un corps, mais que je suis mon corps (en adoptant une position que partageraient Spinoza et Merleau-Ponty). Cela ne réglera pas le problème : ai-je le droit absolu de disposer de moi-même ? Puis-je vendre mon corps, c’est-à-dire me vendre moi-même en totalité ou en partie ? Qu’est-ce qui pourrait mettre des limites à cette liberté illimitée de disposer de soi-même et de faire tout ce qu’il est en mon pouvoir de faire ?

Inviolabilité du corps

Il s’agit tout d’abord d’indiquer à tout autre que le corps propre du sujet est inviolable : nul ne peut s’en saisir. L’expression a donc un usage commun, qui n’est pas autre chose qu’une affirmation de la liberté personnelle.

Mais c’est aussi un principe juridique qui s’enracine dans une certaine sacralité du corps : les Grecs comme les chrétiens s’opposent aux mutilations rituelles : pas de scarifications, pas d’inscription de l’appartenance politique ou religieuse à même la chair, ni excision, ni circoncision, ni scarification. La foi ne peut résider dans un morceau de peau humaine. Ces pratiques de mutilations rituelles étaient, pour Hegel, la marque même de la barbarie, d’une conception non spirituelle de Dieu, puisque la foi se trouve objectivée et donc aliénée dans la matière corporelle.

Même le corps des morts est inviolable. On a dit, un peu vite, que l’humanité commence avec les rites d’inhumation. Il n’est pas tout à fait certain que les membres de l’espèce Homo sapiens, qui pourtant avaient des pratiques artistiques témoignant d’une spiritualité déjà très développée, aient systématiquement enterré leurs morts. Selon certains archéologues, ils auraient surtout inhumé les corps des hommes puissants, pour les honorer ou pour s’assurer qu’ils ne reviendraient pas pour tourmenter les vivants.

Si « mon corps m’appartient », personne ne peut me retenir contre mon gré. La liberté en son sens le plus élémentaire est la liberté de se déplacer et donc de disposer de son propre corps, selon son gré. Une liberté qui ne serait pas la liberté de se déplacer serait une liberté absolument vide. Ceux qui disent que l’essentiel est d’être « libre dans sa tête » disent à peu près n’importe quoi. On ne peut être « libre dans sa tête » si le corps ne peut se mouvoir. Ces maladies dans lesquelles le corps est paralysé en laissant « l’esprit libre » provoquent d’immenses souffrances. La punition par excellence est la prison : le prisonnier est celui qui perd le libre usage de son corps dans de très grandes proportions, même si la prison « moderne » n’enchaîne plus les prisonniers ou ne les enferme plus dans des cages trop exiguës pour se tenir debout ou se coucher — traitement que Louis XI réservait à ses ennemis.

Enfin, si mon corps m’appartient, personne n’en peut disposer pour satisfaire ses désirs. Le travail forcé est la forme la plus générale de cette réduction du corps humain à l’état de chose à disposition de ses propriétaires. Mais le viol est sans aucun doute l’interdit par excellence exprimé dans « mon corps m’appartient ». Qu’on me force à travailler sous la menace ne brise pas (sauf à la longue) mon intégrité, alors que le viol brise le corps dans ce qui constitue le sujet. Le violeur réduit l’autre à l’état de chose pour satisfaire son désir. Mais ce n’est pas tout : le violeur ne jouit pas de la jouissance érotique normale, mais de la jouissance sadique et il jouit par la même occasion de la domination qu’il assoit. Le violeur appartient du même coup à la race des maîtres ou des conquérants : pas de guerre sans viols ! Le viol n’est que l’aspect le plus aigu de la domination du corps et essentiellement du corps des femmes, quoiqu’il existe également des hommes violés, rarement par des femmes, mais le plus souvent par d’autres hommes : l’introduction d’une matraque dans l’anus est une pratique assez classique dans les violences policières. Cependant, entre le « devoir conjugal » et la traque aux méthodes contraceptives (pour ne rien dire de l’avortement), les sociétés traditionnelles signifient clairement aux femmes que leur corps n’est pas à leur disposition. Autrement dit, les femmes sont assujetties et ne sont pas considérées véritablement comme des sujets libres.

Donc en ce premier sens, désignant une liberté fondamentale et les interdits majeurs qui en sont la condition, il est donc légitime de dire que notre corps est à notre disposition et seulement à notre disposition, pas à la disposition de quelqu’un d’autre.

Tout est-il possible?

Cette première approche cependant est insuffisante, parce qu’elle ne permet pas de penser les limites du pouvoir de disposer de son propre corps. Pourquoi faudrait-il réglementer la libre disposition de son propre corps ?

Commençons par le constat : toutes les sociétés établissent des règles et des limites assez strictes concernant le corps. D’abord, les règles de pudeur, plus ou moins lâches, sont semble-t-il universelles. Homo sapiens appartient à la famille des singes nus, mais il s’habille et pas seulement parce qu’il a froid. Les parties sexuelles doivent être cachées et elles le sont presque toujours, ne serait-ce que par un étui pénien pour les hommes ou un court pagne pour les femmes. La « pudeur » n’a pas d’autre objet que de rappeler en permanence la force des interdits sociaux qui empêchent la société de sombrer dans une anomie destructrice. Elle nous dit : « le principe de plaisir n’est pas tout-puissant, il doit se soumettre au principe de réalité. »

En second lieu, toute société a une « politique du corps » qui indique précisément que le corps des individus appartient au groupe. Scarifications, peintures rituelles, blessures symboliques en tous genres, tout cela dit à celui qui entre dans la société : « maintenant, tu nous appartiens ». L’abandon de ces marques rituelles correspond évidemment à l’émancipation progressive de l’individu qui devient le « propriétaire de lui-même », tant est-il que la théorie moderne du droit, ainsi que l’a bien vu Hegel, repose d’abord sur la propriété de soi-même : « C’est seulement parce que je suis un Moi vivant dans un corps en tant qu’être libre que cette existence vivante ne peut pas être l’objet d’un mauvais usage et devenir bête de trait. Pour autant que Moi, je vis, mon âme (le concept et, plus haut, l’être libre) et mon corps de chair (das Leib) ne sont pas séparés ; celui-ci est l’existence de la liberté, et Moi, je ressens par son intermédiaire. »[1] D’où cette double conclusion : pour les autres, je suis essentiellement un être libre dans mon corps et par conséquent « le pouvoir exercé sur mon corps par autrui est un pouvoir exercé sur Moi. »[2] Hegel critique ces esprits « sophistiques », « sans idée » qui peuvent affirmer que l’âme n’est pas touchée quand le corps est maltraité. Ce qui peut sembler une banalité ne l’est pas. C’est par la propriété que se définit la personne, dit-on. Mais cette propriété n’est pas la propriété des choses, c’est d’abord et avant tout la liberté personnelle, car « je suis un être libre dans mon corps, tel que je le possède immédiatement. »[3] La position de Hegel est clairement antiesclavagiste. Parce qu’elle signifie que la propriété ne peut être que la propriété des choses et non celle des personnes.

La persistance et le retour en force du voile islamique, y compris sous les formes les pires comme le niqab ou la burqa, sont l’expression indiscutable que, pour l’islam, la femme ne s’appartient pas et qu’elle ne peut disposer de son corps (qui est réservé aux hommes ayant autorité sur elle).

Pour autant, la conception moderne de la liberté personnelle fondée sur la « propriété de soi-même » n’implique pas que le corps propre soit entièrement à la disposition du sujet. Ainsi, selon la loi française, je ne peux vendre ni mon sang ni mes organes : le don est la règle. On ne peut, a fortiori, se vendre en totalité — c’est-à-dire devenir esclave. Notons qu’aux États-Unis, même après l’abolition de l’esclavage, il était encore possible de se vendre soi-même pour payer ses dettes… Et encore aujourd’hui, les organes et le sang sont des produits du marché. Mais, en France, si mon corps est ma propriété, c’est une propriété inaliénable !

Mais reste à savoir si je peux l’aliéner à moi-même. Puis-je demander à être mutilé, par exemple ? Orlan, « artiste-plasticienne » (selon la terminologie officielle) s’est opéré le visage pour s’enlaidir. L’opération a été filmée et a été rebaptisée « performance » pour être projetée au public. L’objectif de cette opération était de dénoncer la chirurgie esthétique en montrant qu’elle pouvait non seulement embellir mais aussi enlaidir. Qu’une intervention chirurgicale s’impose pour sauver le malade et lui rendre la vie meilleure, personne n’en discute, mais que penser d’une intervention dont la finalité est de dégrader la situation de celui qui la subit ?

Nous considérons généralement aujourd’hui la castration comme un crime : voilà plus d’un siècle que même l’Église a cessé de castrer certains enfants pour empêcher la mue de leur voix d’ange ! L’enseignement de Jésus sur ce sujet est bien énigmatique : « Car il y a des eunuques qui le sont dès le ventre de leur mère ; il y en a qui le sont devenus par les hommes ; et il y en a qui se sont rendus tels eux-mêmes, à cause du royaume des cieux. Que celui qui peut comprendre comprenne. » (Matthieu, 19). Mais ici, ce n’est pas l’opération qui est évoquée pour la dernière catégorie d’eunuques, mais le vœu de chasteté.

Évidemment, on ne peut interdire à personne de se mutiler : le « droit naturel » de chacun persiste toujours, puisqu’il n’est au pouvoir de personne d’empêcher celui qui veut se faire du mal de se faire du mal. Pourtant moralement et juridiquement, nous sommes tenus d’intervenir pour empêcher celui qui veut se mutiler de passer à l’acte, exactement comme nous sommes tenus, autant que nous le pouvons, d’empêcher le suicidaire de mettre fin à ses jours. A fortiori, et parce que le premier principe du serment d’Hippocrate est primum non nocere, d’abord ne pas nuire, on voit mal qu’un chirurgien puisse accéder aux désirs d’une patiente qui lui demande de la mutiler.

Les opérations de « réassignation de genre », c’est-à-dire les opérations censées transformer un homme en femme ou une femme en homme, peuvent être considérées, au moins sous un certain angle, comme des mutilations sexuelles. Le désir du sujet est une chose, le passage à l’acte médicalement assisté en est une autre. Pour des raisons que nous avons exposées ailleurs[4], la « réassignation » n’est jamais et ne peut pas être un véritable changement de sexe, mais seulement la construction d’un simulacre et constitue, d’une manière certaine et en dépit des fantasmes du patient, une dégradation du sujet.

Quoi qu’il en soit, nous devons donc constater que nous ne pouvons jamais totalement disposer de notre corps. Des raisons morales, sociales et juridiques s’y opposent. Même si l’on est très « libéral » dans toutes ces questions sociétales, il semble difficile d’admettre que notre corps est indisponible, au sens où nous ne pouvons pas en disposer comme s’il s’agissait d’une chose dont nous serions les propriétaires.

Qui est le sujet?

Il s’agit de savoir ce qui pourrait être le sujet qui pourrait à discrétion disposer de « son » corps. Du point de vue d’un matérialisme « réductionniste », le corps n’est pas autre chose qu’un ensemble d’organes, c’est-à-dire de choses matérielles ayant un certain type de relations plus ou moins stables. D’un tel ensemble matériel, on voit mal comment pourrait émerger un sujet qui puisse être titulaire d’un droit de propriété. Aucune chose ne pourrait dire « mon corps m’appartient ». Un ordinateur programmé à cette fin pourrait bien afficher sur l’écran « mon corps d’ordinateur m’appartient », personne ne prendrait cette proclamation au sérieux ! Le matérialisme pur et dur ne nous est d’aucune utilité.

Inversement, si on postule la séparation de l’âme et du corps, on peut admettre que « mon corps m’appartient » au sens où le « je » (la « chose qui pense » de Descartes) se retrouverait en quelque sorte « propriétaire » (à titre temporaire !) de ce corps, ce corps auquel je suis lié mais qui n’est pas moi. Cependant, l’union de l’âme et du corps est le schibboleth de la philosophie de Descartes. L’impossibilité de penser cette union, quand on les a conçus séparément, se retrouve ici. Si je ne suis lié à mon corps que pour des raisons contingentes et non pour des raisons positives — ainsi qu’on peut le penser en suivant les secondes réponses de Descartes aux objections adressées à ses Méditations métaphysiques — alors ce corps n’est finalement qu’une machine dans laquelle mon âme se tient comme un fantôme qui le hante. C’est ce corps-machine qu’on retrouve aujourd’hui dans les utopies un peu effrayantes du « cyborg » ou de « l’homme bionique », cet homme dont le corps n’est considéré que comme un outil auquel on pourrait ajouter des outils plus efficaces à partir de l’industrie électronique et des nanotechnologies…

Penser le corps sans penser le sujet (« l’âme », même si c’est en un sens très particulier) est impossible. Mais penser l’âme en extériorité du corps, d’un corps dont je serais propriétaire comme je serais propriétaire d’une chose, est tout aussi impossible. En effet, je ne suis dans le monde et dans le rapport avec autrui que par ce corps, ce corps qui me définit, qui est le centre de « mon » monde et l’anime. Plutôt que dire « j’ai un corps », comme on dit « j’ai une nouvelle voiture », on devrait peut-être dire : « je suis mon corps ». Mon corps m’appartient, il est ma propriété, mais au sens particulier du mot propriété, comme ce qui définit l’être (l’homme a la propriété d’être doué de parole, par exemple) et non la propriété que l’on a sur les choses.

Spinoza définit l’esprit comme « l’idée du corps ». Du même coup, on en déduit que le corps est l’objet ou l’idéat de l’esprit. L’un est impensable sans l’autre, ou encore l’un et l’autre sont la même chose « considérée sous deux attributs différents », l’attribut de la pensée et l’attribut de l’étendue. Cette thèse spinoziste permet de comprendre en quel sens « mon corps m’appartient », en dépassant les apories que font naître tant le matérialisme réductionniste que le dualisme cartésien. Être, c’est « avoir un corps » et un esprit (ou une âme) en même temps. On comprend alors que la puissance du corps et la puissance de l’esprit sont étroitement corrélées, et on peut entrevoir ce que Spinoza veut dire dans la proposition 39 de la Ve partie de l’Éthique : « Qui a un corps apte au plus grand nombre d’actions a un esprit dont la plus grande partie est éternelle. ».

Si on admet cette corporéité de l’esprit, on comprend que l’on n’a pas plus le droit de disposer de son corps que de disposer de son esprit ! Pourquoi cela ? Si quelqu’un demande : « ai-je droit d’être déraisonnable ou de me priver moi-même de l’usage de ma raison ? », la réponse va de soi : poser cette question, c’est encore une fois se rendre à l’arbitrage de la raison. Peut-on demander sans se contredire : ai-je raison de déraisonner ? Et donc quelqu’un peut bien prononcer des paroles incohérentes ou tenir des discours insensés, cette possibilité toujours ouverte et dont nous abusons souvent sans la moindre honte, ne peut pas être un droit puisqu’un tel droit se nierait lui-même, car ce qui seul pourrait définir un droit (moral), c’est précisément la raison. Semblablement, j’ai un droit de vivre, mais pas un droit de mourir, puisque de toute façon je mourrai et que personne n’est jamais privé de ce droit ! Par analogie, nous pouvons donc conclure que le droit de disposer de son propre corps a une limite assez clairement définie : l’obligation d’en préserver l’intégrité. Ce qui implique que le fait de se mutiler ou d’être volontairement mutilé ne peut pas être un droit. On peut toujours le faire, dans un accès de folie, mais, normalement, la société devrait convenir qu’il est du devoir d’empêcher quelqu’un de retourner sa folie contre lui-même, comme il est du devoir de tous de neutraliser les fous furieux.

Une autre manière de penser l’universalisme kantien

La deuxième formulation de l’impératif catégorique kantien indique que je dois toujours respecter en ma propre personne, comme en celle de toute autre, l’humanité comme une fin en soi et jamais simplement comme un moyen. Cette formule affirme que non seulement je ne dois pas disposer du corps des autres, mais que le mien n’est pas plus à ma disposition, non pour des raisons religieuses, mais précisément parce qu’il s’agit de respecter l’humanité comme fin en soi en moi-même aussi ! Kant prend souvent tout cela au pied de la lettre et d’une manière qui a suscité de très nombreuses critiques – Adorno et Jankélévitch, chacun à sa manière, mettent en question ce rigorisme qui coupe radicalement le devoir moral du sentiment. On laissera de côté les passages, plutôt drôles finalement, où Kant montre que la masturbation est contraire à l’impératif catégorique avec des arguments qu’il pourrait appliquer à tout ce qu’on a envie de condamner. Il faut éviter de rigidifier la pensée de Kant comme on l’a fait souvent, trop souvent, et ne jamais oublier qu’il prit la défense d’Épicure contre le fanatisme moraliste. Et il faut garder l’essentiel et l’essentiel, qui est inscrit dans le droit, est l’indisponibilité du corps.

Si je suis mon corps, j’ai donc la liberté de mouvoir mon corps de toutes les façons dont il se peut mouvoir — comme le dit Spinoza, plus le corps peut se mouvoir de différentes façons, plus l’esprit a une connaissance adéquate de la réalité ! Mais cela suppose évidemment que l’intégrité du corps soit préservée. L’intégrité de la personne humaine, c’est tout à la fois et inextricablement, l’intégrité du corps et celle de l’âme. Si je vends mon corps, en totalité ou en partie, c’est moi-même que je vends, et une telle proposition est logiquement absurde et moralement inadmissible. Tout le monde le sait bien qu’il y a quelque chose de monstrueux à trafiquer son corps. On admettra sans mal quelques rectifications mineures (une tache de vin ou un nez disgracieux), mais il y a une limite aisée à reconnaître et que toute personne de bon sens sait reconnaître.

Ajoutons, pour terminer, que l’histoire de la civilisation progressive de l’humanité peut être lue comme l’histoire de cette protection du corps humain. On commence par supprimer toutes les marques d’appartenance fondées sur des inscriptions corporelles (scarifications, femmes-girafes, etc.). On interdit les sacrifices humains — il faut du temps pour cela. Puis on interdit la pratique de la torture — en France nous devons cela à Louis XVI — et finalement on abolit la peine de mort. Le viol et toutes les formes d’agressions contre les femmes sont aujourd’hui fermement condamnés comme on condamne les souffrances physiques infligées aux enfants. S’il y a un progrès, c’est bien celui-là. Et contre les apprentis sorciers « trans » — transgenres comme transhumanistes — ce progrès-là est à défendre contre les pulsions mortifères.



[1] Hegel G.W.F., Principes de la philosophie du droit, §48.

[2] Ibid.

[3] Ibid.

[4]Collin D., « Le transgenre, un transhumanisme à portée de toutes les bourses » in La transmutation posthumaniste.

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