mardi 9 août 2022

Le retour du religieux?

En lisant la presse, on apprend que pour la première fois depuis au moins 40 ans, les 18-30 ans sont majoritairement croyants.
- les jeunes générations des musulmans pèsent très lourd là-dedans et les effets à moyen terme vont se faire sentir.
- la tolérance sauce US, plat préféré des gauchistes de toutes couleurs, impose le "ne pas froisser les consciences" et évidemment aucun discours critique ne peut être tenu à l'égard des religions en général et spécialement à l'égard de l'islam.
- Pendant des décennies, la religion de nombreux jeunes était le communisme, cette grande hérésie chrétienne, elle-même très divisée (il y avait une place pour chacun dans la maison du seigneur!). La profonde régression du communisme prive d'idéal les jeunes qui se rabattent sur le bon vieux "soupir de la créature accablée".
- L'atmosphère de fin du monde qui règne sous les coups répétés des idéologues climatistes (ceux qui vont prêchant dans leur jets, y compris) a un côté angoissant qui lui aussi pousse à rechercher dans les bonnes vieilles recettes éprouvées dans toute l'histoire de l'humanité.
- Curieusement cette montée des religions se fait sur fond d'individualisme exacerbé, de sacralisation par chacun de sa petite personne et de déliquescence de ce vieux cadre collectif qu'était la nation, intermédiaire entre l'universalisme abstrait et le tribalisme communautaire.
 
Ni rire ni pleurer, comprendre.
 
Ce qui donne force aux religions, ce ne sont pas les théories que peuvent produire les théologiens ou les philosophes, ce sont les mythes (toutes les religions reposent sur des mythes) et les pratiques qui sont autant de signes d'appartenance. L'orthopraxie est plus importante que l'orthodoxie. Les 9/10e de ces jeunes croyants sont des incultes parfaits en ce qui concerne leur propre religion. Le niveau moyen des imams est lamentable. Mais cela n'a pas d'importance pratique.
 
Le mythe est d'autant plus fort qu'il est combattif. Quand on est jeune, on a envie de se battre. C'est de l'éthologie humaine élémentaire. Désigner un ennemi et proposer d'aller au combat, avec des signes de reconnaissance, cela suffit (voir le film "La Vague"). La mythologie islamique s'est forgée entre le VIIe et le VIIIe siècle au fur et à mesure que se raffermissaient les premières dynasties arabes, au fur et à mesure que les habitants de l'Arabie devenaient Arabes, pour être plus précis, au fur et à mesure que se construisait un immense empire. Le judaïsme a donné aux Hébreux une origine et une histoire mythiques qui les a grandement aidés à tenir et a fait que des descendants de peuples qui n'avaient jamais mis les pieds au Levant récitaient "L'année prochaine à Jérusalem" ... et y sont 2700 ans après l'écriture du Pentateuque. Les chrétiens ont conquis l'empire romain de l'intérieur et instauré le "dominium mundi". Les esprits éclairés que nous sommes (?) ont grandement sous-estimé la force des mythes religieux. En bons progressistes, nous croyions que les Lumières allaient gagner le monde, que les vaines craintes allaient disparaître. Encore raté ! La décomposition de la civilisation occidentale, minée de l'intérieur par le libre marché, l'individualisme et la frénésie de la consommation nous annonce des jours pas très gais.
 

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