Max Weber, dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, parlait de la « cage d’acier » (ou d’habitacle d’acier, suivant les traductions) de la société moderne. Montrant comment « l’un des éléments constitutifs de l’esprit du capitalisme [moderne], et pas seulement de dernier, mais de la culture moderne elle-même, à savoir la conduite de la vie rationnelle sur la base de l’idée de la profession-vocation (Beruf), est né de l’esprit de l’ascèse chrétienne », Weber poursuit en soulignant que l’ascèse chrétienne s’est transformée en « ascèse puritaine de la profession-vocation » qui se transforme en l’idée moderne du travail professionnel.

Que la limitation à un travail spécialisé, avec le renonceme
nt qu'elle comporte à l'universalité de l'homme de type faustien, soit dans le monde contemporain la condition absolue d'un agir ayant une valeur, que donc, aujourd'hui, « action » et « renoncement » se conditionnent inévitablement l'un l’autre : ce motif ascétique fondamental du style de vie bourgeois — pour autant qu'il se veuille style et non absence de style — Goethe aussi, au sommet de sa sagesse, a voulu nous l'enseigner, dans les Wanderjahre comme dans la fin qu'il a donnée à la vie de son Faust. Cette constatation signifiait pour lui un adieu et un renoncement à l’âge d'un type d'humanité belle et accomplie, qui ne se répétera pas davantage, dans le cours de notre culture, que ne s'est répétée, dans l'Antiquité, l'époque de l'apogée d’Athènes. Le puritain voulait être un homme de la profession-vocation ; nous sommes contraints de l'être. En effet, en passant des cellules monacales dans la vie professionnelle et en commençant à dominer la moralité intramondaine, l'ascèse a contribué[, pour sa part,] à édifier le puissant cosmos de l'ordre économique moderne qui, lié aux conditions techniques et économiques de la production mécanique et machiniste, détermine aujourd'hui, avec une force contraignante irrésistible, le style de vie de tous les individus qui naissent au sein de cette machinerie — et pas seulement de ceux qui gagnent leur vie en exerçant directement une activité économique. Peut-être le déterminera-t-il, jusqu’à ce que le dernier quintal de carburant fossile soit consumé. Aux yeux de Baxter, le souci des biens extérieurs ne devait peser sur les épaules de ses saints que comme « un manteau léger que l’on pourrait rejeter à tout instant ». Mais la fatalité a fait que ce manteau est devenu un habitacle dur comme l’acier (stahlhartes Gehäuse). Tandis que l’ascèse entreprenait de transformer le monde et d’y être agissante, les biens extérieurs de ce monde acquéraient sur les hommes une puissance croissante et finalement inexorable, comme jamais auparavant dans l’histoire. Aujourd'hui, l’esprit de cette ascèse s'est échappé de cette carapace — définitivement ? Le sait-on ? Dans tous les cas, depuis qu’il repose sur une base mécanique, le capitalisme vainqueur n’a plus besoin de cet étai.[1]
Texte remarquable qui expose comment le développement même du capitalisme est un développement dialectique, transformait l’action sur le monde pour le modeler en un véritable prison : l’unité de l’action et du renoncement qui forme le principe ascétique du capitalisme naissant laisse la place à un développement mécanique que plus personne ne contrôle véritablement. Weber n’est pas le premier à montrer le lien entre protestantisme et capitalisme. Marx l’avait souligné à plusieurs reprises[2], lui pour qui « le protestantisme est une religion essentiellement bourgeoise »[3].
Comme le thésauriseur est énergique au travail autant qu’ascète, sa religion est avant tout le protestantisme et, mieux encore, le puritanisme.[4]
Ou encore ceci qui concerne la différence entre catholicisme et protestantisme :
L’or et l’argent, incarnation immédiate du travail social, c’est-à-dire mode d’existence de la richesse abstraite, affrontent les autres marchandises, les marchandises profanes : voilà bien un phénomène catholique de nature à blesser le point d’honneur protestant de l’économie politique bourgeoise …[5]
Dans le chapitre célèbre du Capital consacré au « caractère fétiche de la marchandise », Marx souligne la parenté théologique entre la religion chrétienne et la religion de l’argent :
Une société où le produit du travail prend généralement la forme de marchandise et où, par conséquent, le rapport le plus général entre les producteurs consiste à comparer les valeurs de leurs produits, et, sous cette enveloppe des choses, à comparer les uns aux autres leurs travaux privés à titre de travail humain égal, une telle société trouve dans le christianisme, avec son culte de l’homme abstrait, et surtout dans ses types bourgeois, protestantisme, déisme, etc., le complément religieux le plus convenable.[6]
Mais les remarques de Marx sont insuffisantes pour comprendre ce qui s’est noué idéologiquement. À l’opposé des sociétés traditionnelles, antiques et médiévales, le protestantisme se présente d’abord comme une réhabilitation du travail. Loin d’être la marque d’une condition ignoble, il est perçu maintenant comme la vocation de l’homme. Mais cette réévaluation du travailleur loin d’être le point de départ de son émancipation forge au contraire de nouvelles chaînes et l’un des intérêts de Weber est de nous aider à saisir ce retournement et les figures contradictoires qu’il a pu prendre.
On associe souvent le protestantisme aux progrès intellectuels qui conduisent aux Lumières et à la valeur qu’elles accordent à la liberté sous toutes ses formes. Ce n’est, cependant, pas tout à fait exact. Les fondateurs du protestantisme (Luther, Calvin, etc.) avaient peu de choses à voir avec l’idée de progrès et ils étaient en guerre contre de nombreux aspects de la société moderne, Weber fait remarquer :
Il faut prendre en compte le fait, souvent oublié aujourd’hui, que la réforme n’a pas tant signifié l’élimination de la domination de la vie ecclésiale sur la vie en général, que surtout le remplacement de la forme de domination qui avait existé jusque-là par un autre.[7]
D’où la question intrigante : comment se fait-il que la bourgeoisie, dans les régions économiquement développées, ait soutenu si souvent la réforme :
En effet, ce n’était pas un excès, mais une insuffisance de la domination ecclésio-religieuse de la vie que réprouvaient précisément les réformateurs qui surgirent dans les pas économiquement les plus développés. Or, comment se fait-il que ce furent justement ces pays alors économiquement les plus développés et que, à l’intérieur de ces pays (…) cela ait été justement les classes moyennes « bourgeoises » alors économiquement ascendantes qui, non contentes de subir cette tyrannie puritaine [encore inconnue d’elles], l’ont au contraire défendue avec un héroïsme que précisément les classes bourgeoises comme telles n’avaient que rarement développé avant et ne développèrent jamais après (…) ?[8]
Analysant quelques textes fameux de Benjamin Franklin (« time is money »), souligne que « l’esprit du capitalisme » n’est ni eudémoniste ni hédoniste, ni à la recherche du bonheur, ni jouisseur. Les vertus prônées par Franklin semblent toujours tournées vers l’utilité (il faut être honnête parce que c’est mieux en affaire) mais ce n’est qu’une apparence. L’éthique de Franklin (Weber met des guillemets à « éthique » tant le terme lui semble peu approprié) définit le « souverain bien » comme le fait « d’acquérir de l’argent et toujours plus d’argent en évitant de la manière la plus stricte toute jouissance ingénue » et dans cette conception :
C’est l’homme qui est rapporté au gain comme la finalité de sa vie et non plus le gain en l’homme en tant que moyen de satisfaction de ses besoins matériels vitaux.[9]
« L’esprit du capitalisme » est fondamentalement cette inversion de la fin et des moyens que Marx expose quand il étudie la transformation de l’argent en capital. Dans l’économie échangiste élémentaire, le cycle fondamental est M-A-M : marchandise-argent-marchandise. Le producteur d’une marchandise la vend pour obtenir de l’argent qui lui permet d’acquérir les marchandises dont il a besoin et dans ce cycle l’argent n’est qu’un intermédiaire. Le cycle capitaliste s’écrit au contraire A-M-A’, avec A= A+dA, argent-marchandise-argent et ici l’argent (ou plus exactement l’accumulation de l’argent) est la finalité. Cette inversion de la « téléologie vitale »[10] est ce qui caractérise proprement le mode de production capitaliste et nous permet de distinguer l’obsession de l’accumulation du capital de toutes les formes de cupidité et d’avarice dont les sociétés antérieures n’étaient pas avares.
Le protestantisme selon Weber a été la religion qui a rendu possible le développement de cet « esprit du capitalisme » parce que, notamment dans ses versions puritaines ou piétistes, il présuppose un concentration mentale et un sentiment d’être tenu au travail par devoir qui font pleinement partie des attitudes mentales exigées par le mode de production capitaliste, tant de la part des capitalistes que de celle des ouvriers. Weber souligne combien ce passage de l’ethos chrétien qui valorise le désintéressementet condamne l’argent (« le crottin du diable ») à l’utilitarisme moderne peut sembler stupéfiant. Mais c’est précisément ce qui en fait tout l’intérêt théorique. Certes le capitalisme s’est ensuite émancipé de cette « éthique » de ses débuts, mais il reste lié à une certaine conception du sens de ce à quoi l’on doit occuper sa vie. Tirons une leçon de ce que Weber explique : la transformation du capitalisme libéral (et qui parut un temps effectivement libérateur) en une machine d’oppression n’est nullement contingente mais se produit au contraire par une sorte de « fatalité » dont le noyau dur est l’ascétisme du travail.
Au-delà des polémiques sur la validité des analyses de Weber, son travail sur L’éthique protestante permet de faire le lien entre le christianisme et l’utilitarisme capitaliste moderne et de comprendre comment s’est imposée l’idée qu’il fallait transformer la vie en travail … Marx expliquant ensuite comment le travail dans sa diversité concrète peut-être réduit au travail abstrait et à l’équivalent général[11].
Weber nous permet de comprendre une des spécificités les plus intéressantes et les plus étranges de la société capitaliste comme société de classe. Les sociétés de classe antérieures – esclavagistes ou féodales – étaient des sociétés lesquelles la marque de la classe dominante était l’oisiveté. Être dispensé de l’obligation de travailler, c’était la distinction suprême. Le travail est réservé aux individus de statut inférieur : il est par nature servile. Quand elles n’étaient pas occupées à la guerre, les anciennes classes dominantes se livraient à toutes sortes de jeux, à des réceptions, banquets, bals et autres rites sociaux par lesquels se maintenait l’unité de la classe dirigeante. Outre le clergé, on conviait aussi des non membres de la classe dominante admis à la rejoindre parce qu’eux aussi se livraient à des activités « libérales », des activités sans fins mercenaires : ce sont ceux qu’on finira par appeler « intellectuels », artistes en tous genres, philosophes, historiens, amuseurs publics… Plus rien de tel dans la société capitaliste : les dominants, eux aussi, sont dans l’obligation de travailler. Ils sont soumis à la presse des affaires, aux décisions à prendre, aux opérations à monter, aux négociations à mener. Le négociant est celui qui ne dispose pas de l’otium, du loisir, celui qui est soumis à la presse des affaires dont il faut s’occuper, qui concentrent l’attention et interdisent donc à l’esprit de baguenauder librement. Avec le capitalisme, celui qui dispose de l’otium va devenir un être méprisable, un parasite social – les moines et le clergé séculier, intermédiaires inutiles entre les hommes et Dieu entrent dans cette catégorie aux yeux des réformés. Dans le monde ancien, les mendiants, qui sont des malheureux sur qui la charité peut s’exercer, permettant ainsi au chrétien d’accomplir des actes qui plaisent à Dieu et lui vaudront le paradis ; avec l’avènement du capitalisme, ils deviennent des réprouvés qui doivent être poursuivis et enfermés comme des criminels et mis de force au travail – on créa même des maisons à cet effet, les workhouses.[12]
Ce qui vaut pour les classes laborieuses et pour les déshérités vaut aussi, mutatis mutandis, pour les classes dominantes. Le capitaliste considère le propriétaire foncier qui vit de ses rentes comme un parasite et sa puissance comme un frein au développement de l’industrie. Sous la restauration, la bourgeoisie industrielle était volontiers républicaine, hostile à un ordre social régressif qui privilégiait les titres hérités et les prébendes du pouvoir à l’activité productive. Chantre de l’union des classes laborieuses et des industriels, Saint-Simon défend même une alliance des producteurs – les disciples de Saint-Simon joueront d’ailleurs un rôle moteur dans l’industrialisation de la France, le développement des transports et des réseaux bancaires indispensables au capitalisme moderne.
Comprenons ce qui est en cause. Le capital, dit Marx, n’est pas une chose mais un rapport social ; c’est ce rapport qui distribue aux deux pôles les fonctions sociales. Ce rapport est un rapport antagonique – rapport de domination et d’exploitation – qui oppose ouvrier et capitaliste. Mais le capitaliste est aussi dépend de ce rapport et à certains égards il lui est même asservi. Quand Marx dit que le capitaliste est le fonctionnaire du capital, il indique par là cette relation de servitude. Certes, la servitude du capitaliste et celle du prolétaire ne sont pas symétriques. Le fonctionnaire du capital est un esclave grassement payé et qui peut jouir de la puissance particulière que lui donne sa position sociale. Mais la servitude luxueuse reste une servitude : le chef des eunuques au service d’un despote oriental jouissait lui aussi de privilèges sans commune mesure avec la situation du petit peuple. Il pouvait décider du sort d’un nombre important de serviteurs ou de solliciteurs ; il disposait d’une puissance dépendant de l’humeur du maître, certes, mais aussi de sa propre habileté dans les jeux complexes de la cour. Et pourtant il restait un esclave dont la situation dépendait de la bonne marche de ses intrigues. Mutatis mutandis, le capitaliste n’est pas sans rapport avec ce chef des eunuques. Un revers de fortune peutlui être fatal. Un noble ruiné restait un noble ; un capitaliste ruiné n’est plus un capitaliste mais un candidat à une place de SDF ou de RMIste. Certes, il est rare que le capitaliste bien installé devienne SDF. Mais il est déjà moins rare qu’il fasse un petit tour derrière les barreaux d’une prison (section des VIP)… Les années 90 en ont donné quelques exemples.
Le capitaliste est un dominant dominé aussi par les conditions de sa domination. Quand il est exploite « ses » ouvriers, il ne le fait pas par plaisir sadique ni seulement par appât du gain : la concurrence des autres capitaux l’oblige à produire au moins aux conditions moyennes de rentabilité du capital, sous peine de disparaître à plus ou moins brève échéance. Les propriétaires d’esclaves ou les seigneurs pouvaient être bons ou méchants, doux ou cruels, et il y a, là-dessus, toute une littérature. Le capitaliste, jusqu’à un certain point, n’a pas ce genre de choix. La dénonciation du capitaliste comme type humain cupide et un peu répugnant, un grand classique d’une certaine littérature et d’un certain type de militantisme, est, pour qui se place à l’école de Marx, une véritable stupidité. En garantissant la rentabilité du capital, en poursuivant les objectifs de l’accumulation, il fait son métier de capitaliste (il répond à sa profession-vocation) et rien d’autre. Certes, il y a autour de ces impératifs fonctionnels une certaine marge de manœuvre – un style de direction, si l’on veut qui change le jugement moral ou les sentiments que l’on peut ressentir envers tel ou tel représentant de la classe capitaliste. Mais ces fluctuations se font toujours autour d’un pivot déterminé par les conditions générales de la reproduction du capital dans un pays et à une époque donnée.
La reproduction du capital est comme un mécanisme automatique qui utilise les individus comme ressources et les jette quand ils ne peuvent plus satisfaire aux exigences du taux de profit. L’évolution du capitalisme depuis le XIXe siècle a montré combien pertinentes étaient les intuitions de Marx. L’entreprise propriété d’un capitaliste ou d’une famille de capitalistes (le capitalisme patrimonial) a cédé la place aux sociétés par action. Celles-ci ont trouvé une certaine stabilité dans les décennies de l’immédiate après-Seconde Guerre mondiale. La firme est incarnée par une technobureaucratie et des équipes d’ingénieurs soucieux avant tout du développement à long terme de l’entreprise ou de la firme. Dans ce genre d’organisation, la séparation entre le capital et les fonctions d’organisation et de direction du processus de production est déjà clairement établie, mais les liens demeurent soit avec l’intervention d’un actionnaire de référence qui continue d’intervenir dans la gestion de l’entreprise – c’est encore le cas dans les grandes entreprises comme Michelin ou PSA où les familles Michelin et Peugeot continuent de jouer leur rôle. Dans la phase suivante, celle dans laquelle nous sommes actuellement, l’entreprise, en tant qu’unité de production et de reproduction du capital, tend à n’être plus rien d’autre qu’une marchandise qu’on achète et qu’on revend sur un marché hautement spéculatif. Les propriétaires réels, ceux qui engagent leur capitaux, ignorent le plus souvent où leur argent est passé : fonds d’investissements, fonds de pensions, FCP, etc., ce sont ces institutions qui tiennent lieu de capitalistes, mais elles ne possèdent pas les capitaux ; elles ne peuvent vivre et prospérer qu’en faisant adroitement fructifier les capitaux qui leur ont été confiés. La figure du capitaliste (bedonnant, haut-de-forme, cigare, comme dans les caricatures de L’assiette au beurre) est une survivance. Il existe encore une classe bourgeoise mais celle-ci ne doit pas être confondue avec la classe capitaliste. Les plus grosses fortunes de France ne représentent pas grand-chose à côté des fonds de pensions principalement américains qui sont au fond la propriété des salariés qui y cotisent. Si l’on prend les principales firmes françaises cotées en bourse – le fameux CAC 40 – on peut estimer tout au plus à 5% la part de capitalisation appartenant aux grandes familles bourgeoises. Près de la moitié va aux fonds de placement, un petit quart aux investisseurs institutionnels, un quart aux actionnaires stratégiques (surtout d’autres firmes) et une poignée d’actions réparties dans le public des « petits porteurs ». la fortune de Mme Bettencourt paraît monstrueuse pour qui tire le diable par la queue mais elle est presque marginale comparée à la masse des capitaux investis.
Les penseurs libéraux voyaient et voient encore dans le capitalisme un système économique et social qui donne aux individus la liberté de leur choix et leur demande d’en assumer la responsabilité. Mais en vérité la liberté y réduite à l’accessoire. La logique systémique du capital s’impose aux « acteurs » économiques et laisse bien peu de place au libre arbitre et beaucoup à la prédestination ! L’extension de la bureaucratie et des contraintes qui pèsent sur les individus découle dès lors de cette logique même de l’économie. On peut répéter comme un mantra que « le capitalisme, c’est la liberté », c’est aussi convaincant que lorsque les foules abruties de1984 psalmodient « la liberté, c’est l’esclavage ».
 


[1] M. Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Gallimard, collection "Tel", p. 250-251.
[2] Weber puise souvent ses analyses aux mêmes sources que Marx, Petty, Benjamin Franklin, etc.
[3] K. Marx, Le capital, livre I, chapitre XXVII, in Œuvres I, p. 1177
[4] K. Marx, Critique de l’économie politique, in Œuvres I, p. 388-389
[5] Op. cit. p. 421
[6] K. Marx, Le Capital, livre I, chapitre IV, in Œuvres I, p.613-614
[7] M. Weber, op. cit., p. 7
[8] M. Weber, op. cit. p.8
[9] M. Weber, op. cit. p.27
[10] Pour prendre ici une expression de Michel Henry dans son Karl Marx.
[11] Il y a chez Weber toute une polémique contre le marxisme, c’est-à-dire contre le « matérialisme historique », idéologie de la social-démocratie allemande. En outre Weber était plutôt un conservateur en politique. Mais il n’y a aucune incompatibilité théorique entre Marx et Weber : les meilleurs de ceux qui se sont mis à l’école de Marx au cours du siècle dernier étaient souvent des continuateurs de Weber. C’est le cas, notamment, de « l’école de Francfort ».
[12] On se reportera à Marx, Capital, livre I, chapitres XXVII et XXVIII consacrés à l’expropriation des paysans libres et aux lois sur les mendiants. Remarquons que le camp de travail moderne n’est que le prolongement des méthodes barbares par lesquelles le capitalisme a assuré sa domination. Leur utilisation massive en URSS et en Chine, mieux que toutes les subtiles analyses théoriques, signent la nature de classe de ces régimes, en dépit des discours apologétiques des marxistes. Rappelons aussi que le prétendu « communisme » en URSS s’est construit dès le début par le travail forcé – dont les « samedi communistes » étaient la forme la plus bénigne.