Recension : Macronavirus… La Barbarie en Marche. À
quand la fin ? Par Jacques Cotta (éditions Bookelis, ISBN : 979-10-359-4454-4, prix
10 €, 110 pages)
Jacques Cotta se propose,
non pas de faire de la cuisine dans les marmites de l’avenir comme le font tous
ceux qui inventent des plans le pour « monde de demain », mais de comprendre la
situation présente dans la période plus longue qui s’est ouverte avec
l’élection de Macron et la riposte qu’a constituée le mouvement des Gilets jaunes.
Et, partant du mouvement réel, celui qui se déroule sous nos yeux, il se
propose de tracer des perspectives nouvelles. La pandémie de la Covid-19 est le
contingent qui exprime la nécessité. Tout ce que nous avons pu voir depuis
janvier 2020 est un concentré des mouvements de fond qui ébranlent toute la vie
sociale.
Pour l’auteur, le
mouvement de fond est un mouvement contradictoire. Mouvement d’en bas, celui
des Gilets jaunes, mis en sourdine par le confinement, mais qui a durablement touché
toute la société et manifeste que la « vieille taupe » dont parlait Marx
continue de creuser. Mouvement d’en haut : celui de la décomposition
morale et politique du bloc dominant, de la « société du Dix Décembre » de
Louis Napoléon Macron. Jacques Cotta retrace la formation de ce qu’on appelle
maintenant « la macronie » dans le sillage du quinquennat de François Hollande,
où l’actuel président a joué un rôle clé, et avec l’appui d’une fraction de la
haute fonction publique, du capital et des faiseurs d’opinion patentés.
Diagnostic clair : « La
France est coupée en deux. D’un côté, […] une France qui considère qu’elle n’a
plus rien à attendre d’un pouvoir jugé hors-sol, autiste, égoïste, incapable
d’entendre la détresse et la rage des déclassés et des régions oubliées,
condamnées, abandonnées. De l’autre, une “élite” autoproclamée, satisfaite,
inculte, fière de ses rapports à la mondialisation, riche, prétentieuse,
agressive, adversaire résolue de la grande majorité des Français, la nouvelle
classe populaire, cette majorité cristallisée autour des Gilets jaunes. »
S’appuyant sur des précédents historiques (la grande Révolution française, les
révolutions de 1848 et 1817, etc.), l’auteur montre que c’est bien un mouvement
révolutionnaire qui sourd.
Ce mouvement est la
conséquence du désastre dans lequel la mondialisation et son fer de lance l’UE
précipitent les peuples. Jacques Cotta rappelle comment la destruction de la
santé publique a été lancée voilà une quarantaine d’années en France au motif
de la chasse aux coûts, comment s’est appliqué le plan de Jean de Kervasdoué,
bref comment l’état actuel de notre pays s’enracine dans un temps plus long.
Macron n’est que l’exécutant d’une orientation et de politiques qui constituent
le fil directeur des classes dominantes depuis au moins cinq décennies. Il n’a
vraiment que l’apparence de la nouveauté.
Pourquoi le mouvement
d’en bas reste-t-il étroitement confiné — c’est le cas de le dire ! — Jacques
Cotta montre les facteurs objectifs liés aux profondes transformations
structurelles de la société française et à l’affaiblissement de la classe
ouvrière (à Billancourt on n’éternue plus). Mais ces facteurs objectifs se
doublent de facteurs subjectifs et c’est évidemment la direction des « partis
de gauche » et des syndicats qui doit être mise en cause.
Les évolutions possibles
sont envisagées, y compris celle de la marche forcée vers un régime ouvertement
autoritaire, sachant que se réalisera ce que nous ferons comme la rappelle la
citation mise en exergue. Pour contribuer au rassemblement des forces, Jacques
Cotta dessine dix axes de réflexion et de mobilisation, dix axes qu’on peut
résumer ainsi : démocratie, défense du bien commun et des services
publics, souveraineté nationale pour mettre en œuvre un politique au service du
peuple, des salariés, des travailleurs indépendants, des jeunes, des retraités.
Un livre à lire, parce
qu’il dégage le sens de la période obscure que nous traversons, mais aussi
parce qu’il est un livre de combat pour rassembler la force politique dont nous
avons besoin.
Le 24 mai 2020 —
Denis Collin
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