On apprend que le comité d’éthique de l’armée française vient de donner son feu vert à la recherche en vue de fabriquer un « soldat augmenté », mais « éthique ». La plupart des grandes armées au monde sont déjà activement engagées dans la production de « superhéros » à la Marvel. Américains, Chinois et Russes font toutes sortes d’expérience pour améliorer la vision nocturne des soldats, grâce à des greffes sur la rétine, des essais d’exosquelettes pour permettre de porter de lourdes charges, des drogues permettant de supprimer, autant que faire se peut, le besoin de sommeil, la greffe de puces pour la géolocalisation, la coordination entre le regard et la visée des canons, voilà quelques-unes des pistes de l’homme augmenté. L’armée française refuse, pour l’heure, toutes les techniques « trop invasives » et qui pourraient mettre en cause le libre arbitre du soldat. Mais, comme toujours, ces précautions de langage du comité d’éthique des armées n’ont d’autre justification que de donner des coups de pinceau de moraline sur ce qui est largement engagé et qu’il faudrait poursuivre, pour la bonne raison que l’armée française ne saurait se laisser distancer sur ce terrain par les autres armées.
Le transhumanisme est en route et, comme toujours, c’est
l’industrie de la guerre qui sert de volant d’entrainement. Il est loin le
temps où l’on faisait monter les soldats à l’assaut en les droguant à la gnole !
La science est passée par là. Il ne s’agit pas seulement de la guerre que sont
les ethnies, les tribus, les empires ou les nations. Il s’agit de la guerre que
mènent les puissants contre les peuples. La science sert à surveiller,
contrôler, manipuler et réprimer. Mais il s’agit aussi de la guerre qui est
menée à l’humain comme tel. Car ces soldats augmentés préfigurent l’humanité de
demain, une humanité qui ne méritera plus ce nom, puisque partout on remplace
l’homme par toutes sortes de dispositifs mécaniques : robotisation, « intelligence
artificielle », biotechnologies. Il ne s’agit plus d’utiliser la science pour
alléger la peine des hommes, mais d’asservir l’humanité à la logique du capital
qui n’est rien d’autre que du travail mort. Les humains deviennent de simples
rouages indispensables de la grande machinerie. Les analyses de Marx, qui ont
plus d’un siècle et demi, trouvent une confirmation éclatante dans notre ère du
« capitalisme absolu ». Car, bien sûr, ce qui se teste dans le domaine
militaire a d’ores et déjà des applications civiles. Le « puçage » des
individus à des fins de reconnaissance et d’identification a déjà été
expérimenté dans une entreprise suédoise. En repoussant les bornes du sommeil,
on pourrait aussi mettre à profit la journée entière pour la production de
plus-value. Faire sauter les barrières physiques de la journée de travail est
un vieux rêve des capitalistes (voir encore Marx, Capital, livre I,
chap. VIII). Le travail en réseau permet l’accaparement de toute la vie
par la production de valeur. Plutôt que dépenser des fortunes pour mettre au
point des robots qui ne remplaceront jamais l’habilité et la capacité de
décision d’un humain, c’est la robotisation de l’homme qui est à l’ordre du
jour.
Certes, le progrès scientifique et technique nous apporte
des bienfaits (plus limités qu’on ne croit d’ailleurs) qui viendraient
contrebalancer les menaces que le « progrès » fait peser sur nous. On n’attrape
pas les mouches avec du vinaigre ! Mais on atteint d’ores et déjà un certain
nombre de limites : l’espérance de vie n’augmente plus et le frein à
l’accroissement démographique (une absolue nécessité) entraine un
vieillissement de la population dont on est loin d’avoir exploré toutes les
conséquences. L’épuisement des ressources d’énergie fossile va contraindre
l’humanité à moins compter sur ses prothèses mécaniques. Enfin, l’utilisation
massive des biotechnologies appliquées à l’humain nous mène au bord de l’abîme.
L’optimisme technologique n’est décidément plus de mise. Mais le
perfectionnement impressionnant des moyens de la guerre indique dans quelle
direction se précipite, aveuglée, la majeure partie des élites dirigeantes. Une
bonne guerre, il n’y a rien de tel pour « dégraisser » la machine capitaliste
et obtenir la soumission des individus.
Denis Collin, le 9/12/2020
un texte qui nous fait du bien, il nous ramène à la dure réalité. Pour confirmer les craintes que font peser le transhumanisme, il faut lire et faire lire :https://www.weforum.org/great-reset
RépondreSupprimeret en particulier :https://www.weforum.org/agenda/2020/06/now-is-the-time-for-a-great-reset/
Klaus Schwab est un digne héritier des théoriciens du national socialisme très bien analysés par Johann Chapoutot dans son essai libres d'obéir histoire du management du nazisme à nos jours.
le rêve Nazi de créer un homme nouveau deviendra t il une réalité à travers la mondialisation anglo-saxonne et son idéologie le néolibéralisme.