Les grands mouvements sociaux débutent tous par une réaction à une décision des dominants qui rend d’un seul coup insupportable tout ce que l’on avait subi sans broncher jusqu’alors. Il n’est guère d’exception à cette loi. Cependant, si on ne veut pas que ces grands mouvements sociaux restent sans lendemain, il faut qu’ils soient nourris sur le long cours par une espérance. Ernst Bloch a parfaitement saisi cela, en particulier dans son opus majeur, Le principe espérance.
Personne n’a besoin de programmes révolutionnaires, terriblement révolutionnaires, « la terre et la paix » peut suffire (c’était le programme du parti de Lénine en 1917), mais tous ceux qui se mettent en mouvement doivent au fond d’eux-mêmes avoir la certitude que le présent n’est qu’un pas vers un futur qui sera meilleur ! La guerre des paysans de Thomas Münzer est animée par cette vision nouvelle que la réforme a fait naître dans le monde chrétien. La Révolution française cristallise tout ce qui s’est accumulé dans toutes les couches et toutes les classes de la société et tente de réaliser le christianisme, c’est-à-dire de l’abolir sous sa forme cléricale pour en mettre en œuvre les principes éthiques. Ce qui se passe après est une autre histoire, sur laquelle on a écrit des tonnes de livres. Le communisme historique, celui qui naît avec le Manifeste de 1848 reformule cette utopie d’un monde fraternel, où tous les hommes seraient égaux, où il n’y aurait plus de maîtres ni d’esclaves, plus « ni Juifs ni Gentils » et même plus d’hommes ni de femmes, toutes choses qui font partie de l’idéal communiste égalitaire, mais que l’on trouve aussi chez Paul de Tarse (Galates, 3:28) !
Si
l’on veut vraiment comprendre dans quelle situation historique nous sommes et
pourquoi, en dépit de la colère des peuples, de leurs souffrances accrues, les
dominants dominent aussi aisément, il faut comprendre cela, c’est-à-dire
qu’aujourd’hui, c’est le mot d’ordre punk qui dit la vérité :
« No future ! » Nous sommes devenus résolument
athées, c’est-à-dire que nous ne croyons même plus que « l’homme est un
Dieu pour l’homme », ainsi que l’affirmait Spinoza. Et cet athéisme
postmoderne, loin d’être une libération n’est que la conviction répandue
partout que nous devons accepter nos chaînes et n’y mettre même plus de fleurs.
La considération de ce qui est, ou du moins de ce que l’on croit être, celle
que nous livre « la science » tient lieu de valeur et d’ordre
normatif. De cet athéisme radical, nous avons eu deux expériences : la
première, théorique, c’est l’œuvre de Sade — lire ou relire La philosophie
dans le boudoir ou Les 120 journées de Sodome — et la seconde,
pratique, avec le nazisme. C’est d’ailleurs la grande différence entre nazisme
et stalinisme : ce dernier devait se cacher derrière les grands principes
éternels et ne pouvait avouer sa volonté d’écraser l’humain en tant que tel.
Aujourd’hui,
des hommes sans foi ni loi ont pris le pouvoir, qui pensent comme des machines,
sont dépourvus de toute culture réelle et rêvent d’un monde fonctionnant comme
une machine, qui ne proteste pas et exécute sans broncher ce qu’on lui demande
et qui n’exige que le carburant minimal pour assurer son fonctionnement et un
peu d’huile pour ses rouages. Dans ce monde, il semble qu’il ne reste aucune
issue, sinon en faisant marche arrière, mais il n’est pas plus possible de
faire marche arrière que de monter dans une machine à remonter le temps ou
qu’au vieil homme de retrouver les jambes de ses vingt ans.
La
seule issue est de rouvrir la voie au « principe espérance »,
c’est-à-dire de proposer des valeurs pour lesquelles il vaut la peine de se
lever et de se battre. On peut faire des programmes, proposer une nouvelle
constitution, inventer des solutions magiques aux vieux problèmes de la
planification, concilier la chèvre et le chou et rêver que les loups dorment
avec les biches. Tout cela occupe encore quelques petits groupes qui répètent
inlassablement les mêmes litanies en croyant innover. Mais cela n’aboutit à
rien et on peut le constater avec dépit ou amertume chaque jour.
Avant
de se demander comment faire, il faut se demander quoi faire. C’est-à-dire
quels principes doivent nous guider ? Gramsci parle de « réforme
morale et intellectuelle » qui lui semble tout à la fois indispensable et
très difficile à mener, difficile parce que les intellectuels
« cristallisés » lui semblent conservateurs et réactionnaires,
difficile aussi parce qu’il faut pouvoir faire le tri entre les valeurs
philosophiques qu’il faut conserver et celles qui sont obsolètes. Il se trouve
cependant qu’aujourd’hui, ceux des intellectuels qui donnent le
« la », les « intellectuels cristallisés » gardent les
valeurs obsolètes et jettent par-dessus bord tout ce qui devrait être gardé…
Bonisme (les Italiens parlent du « buonismo » pour désigner l’état
d’esprit « bienveillant », « ouvert » du politiquement
correct) et « aquoibonisme » se partagent les esprits d’un très grand
nombre de nos contemporains.
Au
milieu de l’indifférentisme, nous avons d’un côté le « wokisme » sous
ses diverses manifestations, qui prolonge le « bonisme » et se
transforme en nouvelle inquisition et, de l’autre côté, un sursaut de
religiosité qui n’inquiète les premiers que lorsqu’il est chrétien. Il faut se
demander d’où vient ce sursaut de religiosité, qu’attestent toutes les enquêtes
d’opinion, et qui se manifeste particulièrement chez les jeunes, dans un monde
globalement plus incroyant que jamais. La montée de l’islamisme dans les pays
européens et nord-américains vient d’abord de la jeunesse. On doit, certes,
incriminer les réseaux fréristes, l’action des pétromonarchies, etc., mais si
tout cela peut fonctionner, c’est parce que le terreau est fertile. On voit
d’ailleurs se développer, quoique ce soit moins tapageur, un christianisme plus
« intégriste », non seulement du côté des églises évangéliques, mais
aussi du côté catholique. Le « voile chrétien » fait le
« buzz » sur Tiktok ! Il y a des phénomènes semblables chez les
jeunes Juifs. On peut y voir un effet de mode et l’affichage de ces
particularismes qui devient impératif dans la « société liquide ». Et
on a sans doute de bonnes raisons de s’interroger sur la profondeur spirituelle
de ces néo-musulmans ou ces néo-chrétiens. Mais on doit cependant aller plus
loin. Il s’agit aussi, pas seulement, certes, mais aussi, d’une réaction à la
dissolution de toute communauté humaine qu’implique le développement du mode de
production capitaliste à notre époque. Le dernier refuge qu’est la famille
(voir Christopher Lasch, La famille assiégée. Un refuge dans
ce monde impitoyable) est ravagé par les revendications des
« droits » les plus extravagants et les modes stupides, mais
branchées, comme le véganisme. Les partis et les mouvements de jeunesse
n’existent plus — même les JEC et JOC n’ont plus qu’une existence fantomatique.
Si, aujourd’hui, une très nette majorité des Français ne croit pas en Dieu,
elle ne croit plus en rien du tout ! Ni la liberté, ni la fraternité, ni
l’égalité, ni la patrie, ni l’humanisme. La seule croyance est celle de la
consommation et de la survie à n’importe quel prix quand la consommation
devient plus difficile — ce qui est le cas aujourd’hui. L’indifférence et le
nihilisme produisent leur propre négation dans un nouvel
« intégrisme » religieux.
Il
est donc urgent de repenser les fondements moraux de notre civilisation, ce qui
en fait la véritable grandeur, maintenant que nous nous sommes bien repentis de
tous nos « crimes », une repentance qui n’a rien à voir avec
l’histoire, mais tout avec la négation de ce qu’a produit de meilleur la
civilisation européenne[i].
Car il s’agit bien de morale — et pas seulement de revendications sociales — et
la « force de la morale », du reste, continue de s’imposer, même sous
des traits méconnaissables (voir M.-P. Frondziak et D. Collin, La force
de la morale). Il y a quelques directions dans lesquelles on
pourrait travailler pour élaborer les principes dont nous avons besoin,
quelques principes qui pourraient former un « credo » (Engels, avant
le Manifeste du parti communiste, avait écrit un Catéchisme
communiste...).
1)
Réhabiliter la morale des devoirs. Jankélévitch dit « Nous n’avons que des
devoirs, l’autre à tous les droits ». L’hyperbole nous permet de saisir
quelque chose de fondamental : l’appartenance à la communauté humaine,
l’appartenance à ce règne des fins dont parle Kant, nous impose des devoirs
universels. Évidemment, si l’homme n’est que de la « viande » (cette
conception « bouchère » de l’humanité que dénonce Pierre Legendre),
s’il n’est qu’un amas de neurones comme l’affirment les neurosciences, la
notion de dignité n’a pas plus aucun sens. Mais si on veut garder à l’homme sa
dignité, si on pense qu’il a une valeur alors que les choses ont un prix, alors
on se doit de respecter en sa propre personne comme en celle de tout autre,
l’humanité comme une fin en soi et jamais simplement comme un moyen. On peut
chipoter sur la « morale de Kant », mais il n’y a pas de
« morale de Kant », il y a la morale tout court, celle que tous les
humains admettent au fond de leur cœur, même si les circonstances autant que
leurs inclinations les conduisent trop souvent à négliger et contredire leurs
devoirs.
2)
Une morale des devoirs présuppose la liberté humaine. Personne ne peut faire de
concept de la liberté, mais la liberté est présupposée, par nous-mêmes, pas
nécessairement par les autres, dans chacun de nos actes, dans chacune de nos
décisions. Le revers en est la responsabilité. L’irresponsabilité juridique
présuppose justement la responsabilité. La responsabilité de nos actes ne se
limite pas à notre entourage ou à notre milieu. Elle est bien, comme le dit
Sartre, une responsabilité pour le monde. A minima, cela implique que
nul, face à n’importe quelle tragédie, ne peut dire « ça ne me concerne
pas ». Nos jugements sont déjà des actes, dans la mesure où les autres en
sont les destinataires. On peut être dans l’incertitude, on peut ne savoir ce
qui s’impose à un moment donné, on n’est pas obligé de « choisir son
camp », mais on est toujours impliqué, toujours engagé, qu’on le veuille
ou non. C’est, convenons-en, un fardeau écrasant, parce que la condition
humaine est un fardeau écrasant et, souvent, elle nous écrase. Mais nous ne
pouvons pas y échapper. L’insouciance, le culte de la jouissance (« enjoy ! »),
l’ivresse de l’oubli, tout ce que Pascal classait dans la rubrique
divertissement, dominent notre vie sociale, nous abrutissent littéralement et
disposent de moyens colossaux pour nous maintenir dans cet état. Mais nous
devons savoir dire non. L’homme est un bipède, il est debout sur ses deux
jambes pour regarder plus haut que lui : l’enseignement de Platon demeure,
éternel.
3)
Si l’on accepte les deux points précédents, il en découle que nous devons
appliquer des principes de droit que nous pourrions tirer de Grotius.
1. Est
conforme au « droit naturel » tout ce qui développe la sociabilité
humaine et contraire au droit naturel tout ce qui entretient la discorde et
conduit les individus au repli égoïste.
2. Est
conforme au « droit naturel » tout ce que nous admettrions comme
juste indépendamment de tout autre commandement (religieux par exemple, Etsi
Deus non daretur, écrit Grotius).
Ces
deux préceptes qui rejoignent le « droit naturel raisonné » de
Jean-Jacques Rousseau ne donnent pas par déduction logique des règles de droit
absolument indiscutables, mais ils permettent d’éclairer le jugement du
législateur, du citoyen ou de l’homme de bonne volonté. Ces préceptes peuvent
être formulés dans le lexique de la théorie de la justice en suivant John
Rawls. La valeur primordiale, celle qui commande toutes les autres est la
liberté, non pas la liberté extérieure, mais la liberté dont nous jouissons
effectivement et au premier chef la liberté de conscience — ce qui suppose la
liberté d’expression de ses opinions « même religieuses », comme le
dit notre déclaration des droits. C’est un point essentiel alors que les
gouvernements d’un côté, les divers groupes de pression catégoriels de l’autre
unissent objectivement leurs forces pour faire reculer la liberté de penser.
Les demandes d’interdiction au motif que telle ou telle opinion ne serait plus
une opinion, mais un délit, auraient dû susciter des levées de bouclier de tous
les défenseurs de la liberté. Mais comme l’avait dit jadis un journaliste
économique, la liberté consiste essentiellement à pouvoir choisir entre 50 marques
de céréales pour le petit déjeuner…
Mais
la liberté n’est pas un bien individuel, elle est nécessairement la liberté
égale pour tous. Car, si l’un est plus libre qu’un autre, la liberté de l’autre
est nécessairement atrophiée ou mutilée. Cette notion de liberté égale pour
tous, quand on en tire toutes les conséquences, a une très grande portée. Elle
est au fondement de la démocratie. Mais elle implique aussi que les conditions
des humains soient globalement égales, suivant le principe de Rousseau qui dit
que personne ne doit être assez riche pour acheter une autre personne et
personne ne doit être si pauvre qu’il soit obligé de se vendre. Dans son livre
La vertu souveraine, Ronald Dworkin déplorait que l’égalité fût une
« vertu en voie de disparition ». Indépendamment du jugement que l’on
peut porter sur le modèle de société qu’il propose, Dworkin nous ramène ici à
l’essentiel. Ce que certains auteurs ont appelé le principe d’égaliberté
s’accompagne donc du souci que nous devons avoir des autres, de notre capacité
à prendre en charge leurs souffrances, bref de ce que l’on appelle fraternité,
un mot qui, bien qu’inscrit au fronton de nos édifices publics, ne semble plus
dire grand-chose à la masse de nos concitoyens.
Liberté-égalité-fraternité :
rien de bien nouveau, dira-t-on. Mais c’est une sorte de concentré de ce qu’a
apporté l’histoire de « l’humanité européenne » (pour reprendre
l’expression de Husserl) et nous devrions y tenir comme à la prunelle de nos
yeux.
4)
Nous sommes cependant au bout d’un cycle historique. Les valeurs qui avaient
guidé l’effort intellectuel titanesque qu’a constitué la modernité — naissance
de la science, naissance d’une nouvelle conception politique, naissance d’une
nouvelle manière de placer l’homme dans le monde — se sont en quelque sorte
inversées. La « dialectique de la raison » (Adorno et Horkheimer)
aboutit à la déraison occidentale. L’hybris technologique et scientifique met
en question la survie même de l’humanité. Nous pourrions bien être arrivés à l’époque
de l’obsolescence de l’homme. Si nous ne voulons pas que soit engloutie notre
civilisation, il nous faut trouver ou retrouver le sens de la mesure. En
quelque sorte, redevenir grecs ; non que les Grecs aient été plus mesurés
que nous, puisque nous sommes à bien des égards leurs héritiers, mais ils ont
pressenti la folle logique de l’accumulation des richesses et ont conçu la
démesure comme le pire des vices. La vertu est un juste milieu entre l’excès et
le défaut : on s’est trop gaussé de cette éthique du juste milieu, en quoi
on a vu, à tort, la quintessence des vertus bourgeoises. À tort, parce que la
vertu bourgeoise par excellence est celle de l’accumulation illimitée du
capital.
Connaître
sa propre mesure, c’est d’abord apprendre que, les conditions d’une vie décente
et la protection (autant que possible) contre les aléas étant assurées, le seul
perfectionnement que pouvons désirer est notre propre perfectionnement :
perfectionnement intellectuel, culturel, mais surtout moral. Rechercher une
sorte d’accord avec la nature et rechercher l’amitié des autres humains, nous
n’avons pas besoin d’autre chose. Nous courons trop souvent après des choses
vaines, dont l’obtention même devient frustrante et produit plus
d’insatisfaction que de satisfaction. Les propositions d’Ivan Illich sur la
convivialité et la possibilité d’une société conviviale avaient pu sembler
prêcher l’adaptation à l’ordre existant. Mais l’expérience montre qu’il n’en
est rien. L’ordre existant est celui de la consommation pour la consommation qui
complète la production pour la production. L’ordre existant est celui de
l’illimité qui, bien naturellement, a pour contrepartie le dénuement du grand
nombre.
Trouver
sa mesure, ce n’est pas rejeter la technologie quand elle peut nous servir,
servir une vie vraiment humaine, mais refuser d’être asservi à une technologie
qui, loin d’étendre nos possibles, les restreint drastiquement et menace nos
libertés élémentaires. C’est aussi accepter que la science et la technique ne
nous rendront pas « comme maîtres et possesseurs de la nature ».
Sur
les murs du temple de Delphes étaient écrits les deux préceptes
fondamentaux : “connais-toi toi-même” et “rien de trop”. Il n’est rien à
ajouter. Chaque homme sait que la vie est brève et que la mort est certaine, mais
cette vie est à lui dès lors qu’il est guidé seulement par le choix de la vie
bonne. Comme le dit Sénèque, la vie n’est brève que pour celui qui la gaspille.
Disposer convenablement de son temps devrait suffire à nous rendre heureux.
***
Rien
de ce qui est dit ici n’est nouveau. Ce sont même des vieilleries, celles qui
traînent dans tous les grands livres de philosophie. Il y a peut-être une
dernière leçon pour s’orienter convenablement dans la vie : ne pas
chercher la nouveauté à tout prix. Beaucoup de nouveautés ne sont que des
extravagances qui font frissonner le bourgeois et que l’on oublie rapidement.
Le progrès que nous devons accomplir s’assortit d’un conservatisme raisonnable.
Beaucoup de “conservateurs” ne le sont que dans le but de conserver le privilège
des classes dominantes et voient dans les revendications des opprimés la marque
du ressentiment : les bourgeois voient du ressentiment dans tout ce qui
menace leur confort et leurs privilèges. Ils sont si sûrs d’eux qu’ils pensent
que tout le monde les envie ! Le seul conservatisme qui vaille est celui
qui conserve la vie et les acquis de la civilisation. Qu’ils aillent dans la
tombe, les riches, avec leurs jets privés, leurs montres de luxe. Grand bien
leur fasse : ils seront aussi morts que les gueux. Mais qu’ils cessent de
saccager la culture et ce qui fait le lien social.
De
tout cela, il faudrait tirer les conséquences politiques. Ces quelques lignes
ne font qu’exposer les principes raisonnables que nous devrions suivre, quels
que soient, par ailleurs, les jugements que nous portons sur les divers
courants politiques, existants ou ayant existé, et sur notre histoire récente
ou plus lointaine.
Le
2 juin 2023. Jour de la fête nationale en Italie qui commémore la
naissance de la république.
[i] C’est entendu : les Occidentaux ont
commis des crimes effroyables dans l’entreprise de colonisation. Ils se sont
comportés ici comme les autres peuples. Les Arabes ne furent pas des
conquérants particulièrement sympathiques. Les Mongols de Gengis Khan ont
peut-être fait mourir le cinquième de la population de la planète. Les Ottomans
ont opprimé durement tous les peuples qu’ils ont conquis – l’Algérie, par
exemple. Mais ceux-là ne se repentent pas ! Pas une minute. Les seuls qui
se repentent, qui furent les premiers à abolir l’esclavage, sont les Européens,
pétris de culture chrétienne...
Je n ai lu pour l instant qu un gros tiers de ton papier et ( en attendant d en achever la lecture) je souscris de façon parfaitement acritique à tout ce que j ai lu. Bon dimanche mon camarade collègue. Ernst Bloch est un très grand. J ai relu il y a qques mois son " Thomas Munzer" et je voudrais relire un bouquin qu un ex-ami kleptomane m a pique il y a bien longtemps: " la philosophie de la Renaissance de Cassirer.
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