Sa critique de la « théorie du genre » avait valu
une certaine notoriété à Bérénice Levet (voir ma recension
sur ce blog). Philosophe, mais surtout préoccupée des liens entre philosophie
et littérature (c’était le thème de sa thèse de doctorat sur Hannah Arendt),
elle s’intéresse tout particulièrement à la configuration des idées (et des
idéologies) dans le monde contemporain. Son dernier ouvrage, Libérons-nous du féminisme ! Sous-titré Nation
française galante et libertine ne te renie pas ! (éditions de l’Observatoire).
Ce livre présente une sorte de tableau des mœurs de notre époque. Le féminisme
impose sa loi et soumet une par une par une toutes les institutions sociales et
organise le contrôle des bonnes mœurs. Si l’ouvrage précédent s’intéressait
à l’aspect théorique de la question, ici on a travail plus journalistique qui
établit la réalité de cette emprise du nouveau féminisme, à travers les lois prétendument
contre le harcèlement, une notion qui a pris une telle extension que la plus
innocente drague, voire un simple sourire peut être assimilé à du harcèlement.
L’auteur met clairement en relief les conséquences de ce nouveau féminisme
ardemment défendu par les derniers gouvernements français (celui de Hollande et
celui de Macron) : un incroyable retour au puritanisme, une tentative d’éliminer
les hommes de sexe masculin en tant que tels – il faut vraiment que les hommes
deviennent des femmes comme les autres – et enfin un véritable séparatisme. Il
y a des choses que l’on savait (notamment tous les délires qui ont suivi le mouvement
#metoo et #balancetonporc. Elle analyse aussi comment les nouveaux censeurs
sont à l’œuvre pour épurer la littérature et les Beaux-Arts de tout ce qui
pourrait être en contradiction avec la nouvelle religion : réécrire la fin
de Carmen, faire décrocher des musées
les tableaux de Balthus, liquider Baudelaire, Breton et Aragon dont les
errances dans Paris les conduisent au bordel, etc. Elle montre aussi la
complémentarité totale, bien qu’en apparence paradoxale, entre l’islam et ce
féminisme-là. Si les hommes sont des
violeurs en puissance, il faut bien cacher les femmes pour éviter de susciter
cet abominable désir !
Bérénice Levet n’aborde pas le sujet du point de vue
réactionnaire. Elle est d’accord avec Simone de Beauvoir, les rôles sociaux des
femmes ne sont déterminés par le sexe biologique, mais en même temps demeure
une différence essentielle entre hommes et femmes, une polarité qui est la vie
elle-même, manière dialectique de poser le problème. Pour elle l’égalité des
hommes et des femmes dans tous les domaines de la vie sociale est un acquis
tout comme le droit des femmes au plaisir et au libertinage. Son idéal est à la
fois celui de la galanterie à la mode de l’Ancien régime – son siècle rêvé est
visiblement le xviiie
siècle – et l’idéal républicain universaliste. On pourra lui reprocher une
vision un peu naïve et irénique même de l’idéal français des rapports entre
hommes et femmes et d’oublier que l’amour courtois (une forme raffinée de la
drague !) a aussi des sources arabo-andalouses qu’appréciait tant Aragon. Mais tout cela est un
secondaire. Après avoir dressé l’état
des lieux, il faudrait maintenant essayer d’en comprendre les racines
anthropologiques, psychanalytiques et sociales. Que signifie cette véritable
éradication des pères qui est cours et risque d’aller beaucoup plus loin encore
avec la PMA pour toutes ? Quel sens a cette manie de l’indifférenciation ?
Une approche globale s’impose qui mériterait d’être vraiment engagée. Philosophe,
Bérénice Levet doit maintenant aller plus loin.
Cher Monsieur,
RépondreSupprimerJe découvre votre site (ou Blog) , ou je le redécouvre, je ne sais plus trop. Puis-je faire librement un copié collé de ce que vous y écrivez sur cette philosophe Bérénice Levet ? C'est en écoutant ce matin Alain Finkielkraut et ses deux invités dans son émission Répliques que Google me fait arriver chez vous.
Bonne journée