jeudi 26 octobre 2023

La morale face à la guerre

La guerre est une rupture brutale du lien moral entre les hommes. C’est aussi vieux que l’humanité. Il n’y a pas de société sans ce lien moral (ou éthique si on tient à ce mot). Mais les sociétés humaines s’entretuent sans la moindre pitié. Les guerres préhistoriques sont maintenant bien documentées — voir Les guerres préhistoriques de Lawrence Keeley — et faisaient un considérable nombre de victimes (entre 40 et 50 % des vaincus) et, évidemment, on n’épargnait personne. Les Romains ne faisaient pas dans la dentelle avec les rebelles à leur « pax romana ». Les barbares l’étaient vraiment et de Gengis Khan à Tamerlan et Ivan le Terrible, les figures de monstres abondent. Sans oublier la croisade des Albigeois (« tuez-les tous, Dieu reconnaîtra les siens »), les guerres de religion (le massacre de la Saint-Barthélemy reste dans les mémoires), la guerre de Trente Ans qui a décimé la population allemande (réduite de moitié), l’invasion française de la Hollande, commandée par Louis XIV, etc. Nos guerres se sont peut-être civilisées au xixe, enfin quand il s’agissait des guerres intraeuropéennes, mais en matière d’horreurs coloniales, on ne sait à qui délivrer la palme, peut-être au traitement que le roi des Belges a fait subir au Congo, qui n’était pas une colonie belge, mais un domaine privé. Michel Terestchenko, dans Un si fragile vernis d’humanité, un livre à recommander chaudement, s’interroge sur les conduites de destructivité et montre que ce n’est ni par abjection que l’on massacre ni par altruisme que l’on s’y oppose…


Avec l’effondrement de l’Union soviétique et la fin du « socialisme réellement existant », on avait annoncé la fin de l’histoire et l’ouverture d’une ère de démocratie et de paix, appuyée sur la liberté des échanges. Ce n’était qu’un mauvais conte pour les petits enfants. La guerre a continué comme avant. Tout de près de nous : hier dans l’ex-Yougoslavie, aujourd’hui en Ukraine, presque à côté de nous au Proche-Orient…

On pourrait penser que la guerre suspend nos jugements moraux. Il suffit de regarder avec l’œil froid du géopoliticien les forces en présence et constater que les mêmes phénomènes se reproduisent toujours et, d’un air las, dire : « il en est toujours ainsi, il en sera toujours ainsi ». Le « droit international », pour autant que cette expression ait quelque effectivité définit des catégories, crimes de guerre, crimes contre l’humanité, etc., tout à fait floues, même si on feint, chacun selon sa propre complexion, de les appliquer ici et là. À ses ennemis de préférence. On pourra aussi chipoter sur les différences minimes entre les horreurs des uns et des autres. Cependant, il est bon, pour commencer, de rappeler que la recherche de la paix est un impératif moral, que le « tu ne tueras point » a une valeur universelle, si universelle même que nous avons renoncé à l’application de la peine de mort contre les pires criminels, nous, c’est-à-dire les Européens. Cependant, l’interdiction de tuer ne va pas jusqu’à l’obligation de se laisser tuer. Je peux céder ma bourse au malandrin, mais je ne suis pas obligé de lui laisser ma vie ; j’ai le droit de le mettre hors d’état de nuire et parfois cela peut conduire à le tuer. L’impératif moral de la non-violence ne doit pas se transformer en fanatisme moral. C’est précisément dans cet intervalle entre l’interdit et le droit que se situe la réflexion morale. On peut même dire, avec Jankélévitch, que la morale est justement le « cas de conscience ». Tuer est mal, mais ne pas tuer le tueur, c’est aussi accepter que le meurtre continue, que le mal se propage comme un feu de brousse. Mais si on a le droit de tuer le tueur, on n’a pas pour autant le droit de tuer sa famille et d’exercer des représailles contre les voisins. Ce qui n’empêche pas de se demander pourquoi la famille et les voisins, qui connaissaient les intentions du tueur n’ont rien fait. Peut-être méritent-ils d’être accusés de complicité au moins passive.

Ce qui s’est passé avec les massacres perpétrés par le Hamas le 7 octobre 2023 et les jours suivants est inimaginable pour nos faibles imaginations. Que les Palestiniens fassent la guerre pour recouvrer leur souveraineté, ce serait parfaitement légitime. Du point de vue du fameux « droit international » qui a montré son ineffectivité totale, Israël aurait dû évacuer les territoires occupés et revenir dans les frontières de 1967. Remarquons aussi qu’il a fallu attendre les accords entre Israël et l’Égypte de Sadate pour que les États arabes commencent à reconnaître la légitimité de l’existence d’Israël : trois guerres perdues ont été nécessaires pour faire admettre le droit international… Et on dira que le droit n’est que l’expression d’un rapport de forces, sans doute, mais sans force la justice n’est rien et « ne pouvant faire que le juste fut fort, on fit que le fort fut juste », comme le dit Pascal dans l’une de ses sentences redoutablement ambiguës dont il a le secret. Mais les massacres perpétrés par le Hamas sont d’une autre nature. Ils ne visent pas à recouvrer l’indépendance de la Palestine — qui ne figure pas dans la charte du Hamas. Ils visent à tuer les Juifs en tant que Juifs, c’est-à-dire à exterminer des humains, puisque leur objectif est de faire disparaître l’État d’Israël et de débarrasser cette région des Juifs. Les récits des crimes, où l’on éventre des femmes enceintes, disent ce dont il s’agit et qu’avait bien caractérisé Pierre Legendre : un parricide et la volonté d’exterminer toute une lignée.

Les bombardements qui visent indistinctement cibles militaires et populations civiles sont des crimes de guerre et on pourra peut-être accuser la contre-offensive israélienne de « crime de guerre », mais le crime de guerre est presque inclus dans la guerre depuis que la guerre ne se limite pas aux champs de bataille. La Seconde Guerre mondiale a vu un gigantesque crime contre l’humanité et pas mal de crimes de guerre (bombardements de Hambourg, Dresde, Tokyo, Hiroshima). Mais on ne peut pas mettre les uns et les autres sur le même plan. Comme la morale ne se contente pas des effets, mais donne à l’intention la part essentielle, on doit les juger différemment. Le nombre de morts n’est d’ailleurs pas un critère moral : la « grippe espagnole » a fait un nombre de victimes considérablement plus grand que la Première Guerre elle-même. Mais on ne juge pas la grippe espagnole ! Ce n’est pas non plus la qualité des victimes qui compte : si l’armée israélienne avait entrepris, en représailles, de faire aux Gazaouis ce que le Hamas a fait aux habitants des kibboutz du sud, elle mériterait alors les mêmes qualifications morales que le Hamas. Mais ce n’est pas le cas et il est absurde de les renvoyer dos à dos, comme il serait absurde de renvoyer dos à dos Alliés et nazis pendant la Seconde guerre mondiale, quoi que l’on pense par ailleurs des motivations politiques des mauvaises pensées de ces Alliés…

Il n’y a pas de peuple meurtrier, dit encore Pierre Legendre. Le peuple allemand ne pouvait être tenu pour collectivement responsable du nazisme. Il y a des discours meurtriers. Malheureusement, les meurtres appellent facilement les discours meurtriers et s’enclenchent alors la spirale que rien ne peut arrêter. Jusqu’au sacrifice du bouc émissaire.

Pour clore ces réflexions, rappelons tout de même que la loi du talion est une loi barbare, et qu’après l’Ancien testament, il y a eu le Nouveau qui réfute explicitement la loi du talion. La vengeance est, au demeurant, mauvaise conseillère politique. Les Américains ont voulu se venger des talibans et d’Al-Qaida (qui étaient pourtant largement leurs créatures démoniaques) en envahissant l’Afghanistan. Expédition coûteuse qui s’est terminée par un échec piteux et le retour des talibans, pour le pire. Les Israéliens sont devant le même cas que les Américains après le 11 septembre et ils sont tentés de suivre la même politique absurde que Bush.

Denis Collin. Le 26 oct. 23 

5 commentaires:



  1. Bonjour.

    Maintenez-vous vos remarques un an après le début du conflit? Avec l'attaque du Liban et de la FINUL?
    Le peuple français aurait-il toléré, pacifiquement, qu'on amputa l'hexagone pour réparer les fautes de la collaboration et de l'extermination 1942-1945?
    Vous-même, si l'exploitation familiale avait été saisie par une population qui la revendique, au nom du coran par hasard, seriez-vous resté pacifique? Si demain un peuple revendiquait une partie de la France au nom de croyances religieuses, raisonneriez-vous de façon si raisonnable? Pourriez-vous défendre ceux qui exproprient et bombardent ceux qui refusent l'expropriation parce qu'il refuse la légitimité de ce nouvel État créé?

    Quel Européen accepterait de céder une partie de son pays à un Asiatique, un Africain, d'abandonner une partie de souveraineté, quel Français laïc l'accepterait?
    Accepteriez-vous d'abandonner une partie de la France pour réparer les horreurs de la colonisation? Et si des Africains s'accaparaient des espaces français et qu'ils bombardassent les Français qui refusent cette colonisation, pourriez-vous leur trouver des circonstances atténuantes, du genre les Français souhaitent la destruction de cet État africain en Europe, donc les Africains seraient légitimes à bombarder ces civils? Auriez-vous les ressources pour ce cheminement intellectuel?

    Ces questions sont sincères, je vous lis, vous suis à travers les vidéos, suis d'accord avec vous sur les questions de souveraineté de la France, je partage vos points de vue sur l'UE.
    Mais sur ce sujet du conflit oriental qu'on voudrait rendre complexe alors qu'il ne l'est pas , j'y vois une grande cécité de la part d'intellectuels et cela me désarçonne. Si vous appliquez votre grille d'analyse et d'exigence de liberté et de souveraineté pour la France au cas de la Palestine, je ne comprends pas comment on peut adopter ou défendre un projet religieux, même quand il se dit laïc, et justifier même la colonisation.

    Vous combattez les religieux islamistes, vous alertez sur les dangers, réels ou pas, de conservateurs religieux en France, mais ne parvenez pas à voir que des idéologies dites laïques ont comme source et finalité des croyances religieuses.

    Fiction: des Berbères, descendants des Almohades, réclament la région de Ramatuelle, du sud de la France, des Pyrénées et de l'Andalousie pour y créer un émirat. Ces descendants étaient dans le Sud de la France, en Espagne et au Portugal avant nombre d'Européens, d'immigrés italiens, portugais, espagnols... Tout cela avec expropriation, vols ... Des Sénégalais Soninké revendiquant de retourner à Assouan, matrice de leur peuplement avant d'émigrer au Sénégal actuel, des Iraniens revendiquant une partie de l'Inde... Ces remarques sont absurdes? Vraiment?



    Signé un ancien élève encore admiratif (?) de votre parcours et la justesse de nombre de vos réflexions. Mais je continuerai à vous lire. Votre blog, et vos prochains livres sont une mine pour qui veut réfléchir aux enjeux du monde contemporain.

    Vous reprochez à des non germanophones de déformer les idées de Marx notamment. Apprenez l'arabe pour ne pas avoir à répéter ce que disent des sources pas toujours honnêtes.
    Vos livres sur Machiavel et Marx et Hobbes resteront dans la postérité parce que vous les lisez dans le texte. Suis déçu parfois de vous lire sur certains thèmes et constater trop de proximité avec des journaux ou médias pas reconnus pour leur rigueur intellectuelle.

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    1. Cher Anonyme,
      Je ne réponds pas d'ordinaire aux lettres anonymes. Je crois surtout que votre commentaire n'est pas adressé à l'auteur de l'article (moi-même en l'occurrence) mais plutôt à un auteur imaginaire à qui vous prêtez des positions politiques qui vous permettent d'exercer votre critique sans risque.
      Mais vous, vous avancez masqué. Votre cible est la position laïque et non pas ma prise de position sur le Hamas. Au fond, vous m'aimez pas mon refus de l'islamisme conquérant qui veut nous asservir. La laïcité n"est pas une idéologie, contrairement à ce que vous affirmez, mais un principe politique et juridique, celui de la liberté de conscience. L'athéisme serait une "idéologie", mais ça ne me concerne pas puisque je ne suis pas plus croyant en l'existence de Dieu qu'en sa non-existence.
      Pour le reste, vous remarquerez peut-être que je n'ai pas situé mes remarques sur le terrain politique, historique ou géopolitique, mais sur le plan moral. Mais si vous voulez parler d'histoire, il faudra cesser de répéter la doxa sur l'histoire de cette région baptisée "Palestine" par les Romains et qui ne fut jamais une nation avant 1948, mais une terre d'occupation des Romains, des Arabes, des Ottomans et des Anglais, une terre aussi qui resta massivement juive pendant toute son histoire - en dépit des difficultés à rester Juifs en terre musulmane.
      Puisque vous parlez de mes positions sur la souveraineté, vous devriez aussi vous rappeler qu'historiquement, le sionisme s'inscrit pleinement dans le mouvement qu'on a appelé le printemps des peuples en Europe autour des révolutions de 1848. Toutes les nationalités ont revendiqué leur souveraineté et beaucoup de Juifs se sont sentis autorisés à revendiquer leur souveraineté. La réponse des Européens fut bientôt d'organiser leur extermination (l'antisémitisme européen est très antérieur au nazisme). Au même moment, il y eut un réveil arabe pour secouer le joug de l'occupation ottomane, réveil qui fut aussi littéraire et religieux. C'est ainsi que la Tunisie fut l'un des premiers pays à abolir l'esclavage (1848). Malheureusement, les circonstances historiques ont fait que ce réveil a été étouffé.
      Bref, cette hsitoire est bien complexe, contrairement à ce que vous affirmez avec l'assurance des militants.
      La situation actuelle est catastrophique. Pour tout le monde, y compris les Israéliens, qui sont loin de tous soutenir Netanyahou. Mais une chose est certaine, la violence terroriste, quelle qu'elle soit, ne peut être une solution. De la violence terroriste ne sort jamais rien de bon, mais seulement de nouvelles tyrannies. Maintenant, libre à vous d'apporter votre soutien aux chiens sanglants du Hamas. Comme le gouvernement russe a soutenu les Talibans et comme d'autres ont soutenu Daesch. Exactement comme jadis, les staliniens de tous les pays soutenaient Staline et ses successeurs.
      Bien à vous. Vous pouvez toujours me répondre en privé.

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  2. Encore un mot: Spinoza propose une sortie du théologico-politique dans son fameux TTP. Ici nous sommes malheureusement replongés en plein dans ce théologico-politique qui bloque tout possibilité d'uune solution raisonnable. C'est vrai des deux côtés. Je n'oublie pas que c'est un extrémiste juif qui assassine Rabin et empêche toute application des accords d'Oslo qui devaient aboutir en 2000 à la création d'un Etat palestinien.

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  3. Bonjour.

    Je vous remercie pour le temps accordé à me lire et me répondre.
    Je vous remercie aussi pour la rigueur de votre réponse. Même si je ne partage pas tous vos points de vue, la charpente de votre argumentaire est solide.

    Mes maladresses vous ont fait croire à des erreurs. J'étais longtemps contre l'existence d'un État palestinien, encore un pays arabe corrompu, et un de plus, me disais-je.
    Pour une fois les Arabes n'auront pas a émigrer pour vivre dans un pays prospère avec des droits, Israël est venu à eux me disais-je.

    Les islamistes fanatisés ne font que peu de cas des croyances de ses victimes. Et je les vomis. Ces gens qui agitent des querelles byzantines pour opprimer et oppresser et dominer... Non vraiment j'ai trop peu d'affinité avec cette espèce. Mais j'ai les ressources pour dire la même chose des partisans du sionisme. Quand je vois un militaire tirant sur un enfant, qu'il le fasse au nom de l'islam, du judaïsme ou du sionisme, peu me chaut. Comme Français je condamne. Moralement, aucun n'est défendable.
    Si cette idéologie tue, opprime, à tout le moins je m'en désolidarise. Or ce n'est pas ce que j'entends et lis ici et là.

    Le sionisme s'inscrit dans différents mouvements, dont celui des printemps européens, mais surtout celui de la colonisation. Pourquoi toujours taire ou minorer cette réalité qu'est le sionisme: un impérialisme? Juridiquement et moralement je n'ai aucun droit sur Ramatuelle (nom d'origine arabe) ou la ville de Grasse, bien que mes ancêtres ont transformé des terres hostiles en champs de fleurs qui parfument aujourd'hui les flacons de grands couturiers et diffusent les effluves hexagonales dans le monde ( Il y a toujours un peu de France dans l'air des grandes villes du monde, et même dans de petits villages en Afrique). Des Français descendants (ou pas) d'Espagnols, d'Italiens y vivent maintenant dans ces régions méridionales de la France. Et bien si demain je revendiquais un droit quelconque, je crois deviner, qu'au besoin, on rendrait légitime des violences contre ces prétentions, et avec raison.
    Ce qui m'affecte c'est l'impression d'avoir lu, entendu, dans cet article, un écho de ce que pérorent médias et dirigeants français. À savoir la solidarité avec des violences commises contre des innocents. Le blanc seing accordé à des descendants d'immigrés européens pour déchaîner les Enfers, contre des populations arabes, sous prétexte qu'ils ressemblent à leurs semblables européens. Alors que les valeurs de la France, ses programmes scolaires, ses lois, son avant-gardisme invitent les citoyens à condamner les évènements auxquels ils assistent. J'ai l'impression de penser en Français là où nos représentants pensent en partisans...contre les intérêts de la France.
    Seul bémol. Le terme de colonisation, au sens propre, je ne parle pas d'occupation ou d'implantation, est trop souvent tu. Ce terme, ce processus, cette dynamique est invisibilisée. Sans ce mot, beaucoup de discours pourraient être valables (la souffrance et les responsabilités sont des deux côtés....). Avec cette idée, il me semble que quand on pense représenter des droits humains universels, quand on est Français on ne peut s'exonérer de se désolidariser des choix nihilistes d'un pays allié. C'est ce silence qui me trouble et crée une dissonance, sur le plan moral.

    Mes hommages, mes respects.
    Bien à vous.

    Je n'ai pas votre adresse pour m'adresser à vous en message privé. Si vous pouviez me l'indiquer...

    PS: j'ai eu le privilège d'étudier le Traité théologico-politique, de Spinoza, livre XVI-XX, comme élève, sous votre autorité.. D'où mon intérêt pour ces questions. ;)

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    1. Cher Caracalla, comme vous n'êtes pas Daniel Cordier, je ne sais comment vous joindre. Mon adresse mail est collin.denis@orange.fr

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