Jadis, on disait que le Parlement britannique peut tout faire, sauf changer un homme en femme. La Cour suprême du Royaume-Uni vient de confirmer cet adage en arrêtant qu’un homme est un homme et une femme est une femme et que la distinction était fondée biologiquement – les chromosomes XY et XX sont donc considérés comme des marqueurs fiables du sexe d’une personne. Les honorables juges ont donc statué que ce qui est réel est réel et ce qui n’est pas réel ne l’est pas, nouvelle version du vieil adage du philosophe grec Parménide, « l’être est, le non-être n’est pas ».
Mais cet arrêt de la Cour Suprême a déclenché l’ire de tout le petit monde des fous- je dis des fous, parce que refuser le principe de Parménide, c’est rompre d’emblée avec toute raison. Toute la cohorte des Verts hurleurs y est allée de ses protestations indignées : les personnes trans sont des humains ! les personnes trans ont des droits ! et les juges britanniques sont accusés de mépriser les droits humains.
Pourtant, que la biologie fonde la distinction des sexes semble une évidence, sauf pour ceux qui refusent le réel – rappelons que la psychose est précisément définie comme la rupture avec le réel. La transition de genre et autres sornettes de ce type ne sont … que des sornettes. Le nommé John Money (bien nommé en vérité), qu’on pourrait appeler en bon français Jean Pognon, est l’un des initiateurs de ces tripatouillages de corps pour transformer un petit garçon en petite fille ou l’inverse. Mais quoi que l’on fasse, les XY ne porteront jamais d’enfant et les XX n’éjaculeront pas du sperme apte à se glisser dans un utérus féminin en vue d’engendrer un nouvel humain. J’ai eu l’occasion de dire ce que je pensais de ces interventions hormonales et chirurgicales qui s’apparentent clairement aux expérimentations du docteur Mengele, de sinistre mémoire (voir ma contribution à l’ouvrage collectif, La transmutation posthumaniste: Critique du mercantilisme anthropotechnique, « Transgenre : un post-humanisme à la portée de toutes les bourses »)
Au-delà du charcutage et de la chimie, il existe toute une mode du « trans » confortable. Inutile de subir toutes les vicissitudes de la « transition ». Il suffit de « s’identifier » pour changer de « genre ». Il existe même une proposition de loi (portée par LFI) qui permettrait de changer de « genre » sur simple déclaration à l’état civil. Je ne suis plus Jean Dupont, mais Jeanne Dupont, et hop ! le tour est joué. C’est au nom de cette auto-identification que l’on voit des athlètes qui passent le test papal de la chaise percée (dua habet et bene pendentes) et qui se retrouvent dans des compétitions féminines … et souvent l’emportent car, c’est horrible à dire, il existe généralement un dimorphisme sexuel marqué dans le genre humain. C’est encore cette identification qui permet à des violeurs patentés de se retrouver dans des prisons pour femmes. C’est aussi ce qui nourrit les polémiques sur les toilettes non genrées.
Il suffit de garder un peu de bon sens pour comprendre qu’on est entré dans un monde halluciné. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Si je peux décider de mon « genre », pourquoi ne pourrais-je pas décider de mon âge, de ma filiation, voire de mon espèce ? Pourquoi ne pas autoriser la vie conjugale d’un humain et d’un animal ? Une brebis pourrait bien « s’identifier » comme « femme » et un homme comme bélier. Argument de « fachiste » me dira-t-on ! Ouh ! Le vilain « d’extrême drouatte » ! Mais ma question reste sans réponse. Si nous refusons tout ce qui peut encore marquer notre appartenance à la nature, si tout n’est que construction sociale, alors tout est possible.
Mais les « droits des trans », qu’en fais-tu ? Eh bien, c’est très simple : les trans en tant que trans n’ont pas de droits, parce que les trans n’existent pas ! Les trans ne sont qu’une tenue de camouflage, même quand cette tenue de camouflage s’inscrit dans la chair. Il n’y a pas de droit spécial pour les fous qui se prennent pour Napoléon (ils n’auront pas le droit d’être enterré aux Invalides). Quant à ceux qui se prennent pour des oiseaux, il faut les retenir s’ils veulent sauter du balcon. Les schizophrènes et les paranoïaques n’ont que le droit d’être bien traités et soignés du mieux que l’on peut. Pour le reste, on a toujours le droit de prendre les habits du sexe opposé : c’était d’ailleurs la grande tradition de Carnaval. Il existe aussi de nombreux lieux de divertissement où les rôles sexuels peuvent d’échanger, mais cela n’a rien à voir avec des droits spécifiques des « trans ». Même habillé en femme et dûment rasé, notre Jean Dupont reste M. Dupont aux yeux de la loi.
Une dernière précision. Il n’y a pas plus de « droits des homosexuels ». On a le droit d’être homosexuel, de vivre sa vie de couple avec quelqu’un du même sexe sans être victime de discrimination. Mais c’est un droit humain de base, pas un droit spécifique des homosexuels. La différence, tout de même, est que les homosexuels ne demandent pas être identifiés comme homosexuels, ils demandent seulement que l’on respecte leur droit à mener la vie sexuelle qu’ils entendent mener sans que l’État et ses pandores ne viennent y mettre leur nez. Homosexuelle ou pas, Jeanne Dupont reste Jeanne Dupont et ne demande nullement être identifiée comme homme au motif qu’elle préfère les femmes.
Pour approfondir ces questions, je renverrai aux livres de l’excellent Dany-Robert Dufour et notamment Le phénomène trans.Regard d’un philosophe. Comprendre le délire contemporain est essentiel, car il ne suffit, malheureusement, pas de rire des délires des délirants. Ces délires sont des expressions de la décomposition des sociétés soumises à la loi du capital, sans frein ni mesure. L’homme sans qualité, l’homme qui peut être ce que l’on veut, est à la fois le « self made man » (ou, pardon, la self made woman) et l’individu désinséré de toute relation sociale, flexible, mobile, transformable en pure force de travail, taillable et corvéable ou en consommateur indistinguable des autres consommateurs.
Ajoutons que, comme le délire est invivable à long terme, il suscite sa propre réaction qui peut être tout autant délirante. Le trumpisme est le fruit bien mûr du wokisme et son idolé, Elon Musk, est une des figures du cinglé ultra-moderne. Les gens ordinaires, qui ne sont pas spécialement bégueules, peuvent très bien décider d’en prendre un pour taper sur l’autre, de prendre un trump ou un autre pour mettre à la raison ceux qui déraisonnent manifestement de trop.
Le 25 avril 2025
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