Nous sommes très fiers de nos prouesses techniques. Mais à
la considération de ces esprits incomparables, nous pouvons bien vérifier que
nous sommes seulement des nains juchés sur les épaules des géants. Peut-être devrions-nous
réfléchir sur le type d’éducation qui a produit de tels esprits.
jeudi 14 septembre 2017
Notes sur la philosophie du XVIIe siècle
Quand on considère un peu globalement la philosophie au XVIIe
siècle, à « l’âge classique », on ne peut qu’être saisi d’admiration.
Lire Descartes, Spinoza ou Hobbes, c’est une tâche inépuisable. Plusieurs vies
n’y suffiront pas. Il y a un point frappant : tous ont lu Galilée presque
sur le moment. On sait que Descartes avait même écrit un ouvrage pour
développer ses thèses, ouvrage qu’il a soigneusement remisé pour des temps
meilleurs quand il a appris que la Sainte Inquisition poursuivait ce grand
savant. Mais la physique mécaniste de Descartes est de part en part pénétrée
par la pensée de Galilée. Hobbes, ainsi que le montre bien mon éminent collègue
Benoît Spinosa est aussi un galiléen. Et que dire de Spinoza ! Galilée
meurt en 1642, Descartes en 1650, Spinoza en 1677 et Hobbes en 1679. Spinoza,
le plus jeune, connaît très bien l’œuvre de Hobbes et encore plus celle de
Descartes. Un Toscan, un Français qui vit souvent en Hollande, un Juif
hollandais et un Anglais : ils dialoguent, font circuler la pensée – il suffit
de lire les correspondances de Descartes et Spinoza pour s’en convaincre. Ils élaborent
des théories d’une puissance considérable et qu’au fond nous n’avons pas
dépassées aujourd’hui encore, des théories qui donnent les grandes intuitions d’où
sont sorties et la philosophie et la science modernes. Lisons les réflexions de
Spinoza sur l’infini et nous y trouvons une pensée du continu qui ne trouvera
son expression mathématique rigoureuse qu’avec Cantor. Lisons ses définitions des
corps, sa conception des corps simples qui ne se distinguent que par la
quantité de mouvement et nous y trouvons quelques anticipations géniales de la
physique contemporaine. L’apogée de ce siècle, c’est Newton et c’est Leibniz.
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