mardi 22 mars 2005

Hegel, l'éducation et la pretendue liberté des parents

Ce paragraphe des Grundlinien remet à leur place les discours sur la prétendue liberté des parents de conduire selon leur propre arbitre l'éducation de leurs enfants. Hegel privilégie naturellement la liberté des enfants et la mission de l'État est bien de protéger cette liberté y compris contre l'arbitraire des parents. Pure conception républicaniste de la liberté.  

§175

Les enfants sont des êtres libres en eux-mêmes, et la vie est l'existence immédiate de cette seule liberté, ils n'appartiennent donc ni aux autres ni aux parents comme des choses. Leur éducation a la détermination positive, eu égard à la relation familiale, que la réalité morale soit portée en eux à la sensation immédiate, encore sans opposition, et que leur coeur, dès le fon-dement de la vie morale, ait vécu sa première vie dans l'amour, la confiance et l'obéissance, - mais ensuite, eu égard au même rapport, elle a une détermination négative, qui est d'élever les enfants, à partir de l'im-médiateté naturelle dans laquelle ils se trouvent à l'origine, à l'autonomie et à la personnalité libre, et de là à la capacité de sortir de l'unité naturelle de la famille. R. Le rapport d'esclavage des enfants romains est l'une des institutions les plus dégradantes de cette législation, et cette privation offensante de la réalité morale dans leur vie la plus intime et la plus tendre est l'un des facteurs les plus importants pour comprendre le caractère historique des Romains et leur orientation vers le formalisme juridique. - La nécessité pour les enfants d'être éduqués est chez eux comme le sentiment propre d'être insatisfaits en eux-mêmes tels qu'ils sont, - comme la tendance à appar-tenir au monde des adultes, auquel ils aspirent comme à une réalité plus haute, le souhait de devenir grands. La pédagogie par le jeu prend déjà l'élément enfantin comme quelque chose qui vaut en soi-même, le donne aux enfants tel quel, et rabaisse pour eux ce qui est sérieux et se rabaisse elle-même dans la forme enfan-tine, assez méprisée par les enfants eux-mêmes. Dès le moment qu'elle est forcée, en ce qui concerne ces enfants, dans l'état d'inachèvement où ils se sentent, de les représenter plutôt comme finis, et de le rendre en cela satisfaits, - elle dérange et pervertit ce qui est leur vrai besoin à eux, et leur meilleur besoin, et elle produit, d'une part, l'absence d'intérêt et l'esprit borné à l'égard des rapports substantiels du monde spirituel, d'autre part, le mépris des êtres humains, puisque, lorsqu'ils étaient enfants, ceux-ci se sont présentés à eux d'une façon enfantine et méprisable ; enfin elle produit la vanité et la présomption qui se repaît de sa propre excellence.

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