Ira Levin publie en 1971 This perfect day, traduit en
français sous le titre de Un bonheur insoutenable.
Dans un avenir indéterminé, mais peut-être pas très loin de nous,
le monde est pacifié. Les conflits entre grandes nations ont disparu et le
grand U, l’ordinateur central caché sous une montagne gouverne le monde. Les
individus sont devenus pacifiques ; les enfants ne se battent plus et
quand ils jouent, on leur enseigne que « perdre ou gagner, c’est la même
chose. » Les individus, dont la reproduction est contrôlée par la génétique,
se ressemblent. La diversité des noms a été réduite et toute la vie est prise
en charge par « la Famille. » L’idée même de volonté et de liberté de
choix est en voie de disparition, puisque « décider et choisir sont des
manifestations d’égoïsme » qui pourraient mettre en cause l’accord de
l’individu avec la famille et avec l’univers.
La sexualité est parfaitement réglée par des dosages chimiques.
C’est le grand U qui délivre les autorisations d’avoir des enfants. Le contrôle
de la population – pour son bien – est total : chacun est équipé d’un
bracelet inamovible qui permet de localiser les déplacements aussi bien que
suivre l’état de santé et de remédier immédiatement à tout signe morbide. À
l’âge de soixante deux ans, la vie se termine par une injection létale – une
euthanasie. À la différence de 1984,
il n’y a pas de répression violente, pas de procès, pas de séances de
haine. C’est au contraire la douceur qui doit régir tous les rapports entre
individus. Les déviants ou les dissidents sont des malades qu’il faut soigner.
La reconquête de la liberté, c'est-à-dire tout simplement de la
vie, va supposer la rupture avec ce « bonheur insoutenable. » Les
« résistants » se réunissent clandestinement pour fumer du tabac...
Le bonheur résidait dans la santé, la sécurité, les relations pacifiques au
sein d’une communauté protectrice. Le héros, Copeau, va apprendre à être
malheureux pour redevenir vraiment vivant. Redevenir vivant et en bonne santé,
être capable de vouloir, c’est accepter l’agressivité, la violence, les conflits,
la dissimulation. C’est accepter un « bonheur triste ».
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