lundi 14 mars 2005

Un bonheur insoutenable

Ira Levin publie en 1971 This perfect day, traduit en français sous le titre de Un bonheur insoutenable.
Dans un avenir indéterminé, mais peut-être pas très loin de nous, le monde est pacifié. Les conflits entre grandes nations ont disparu et le grand U, l’ordinateur central caché sous une montagne gouverne le monde. Les individus sont devenus pacifiques ; les enfants ne se battent plus et quand ils jouent, on leur enseigne que « perdre ou gagner, c’est la même chose. » Les individus, dont la reproduction est contrôlée par la génétique, se ressemblent. La diversité des noms a été réduite et toute la vie est prise en charge par « la Famille. » L’idée même de volonté et de liberté de choix est en voie de disparition, puisque « décider et choisir sont des manifestations d’égoïsme » qui pourraient mettre en cause l’accord de l’individu avec la famille et avec l’univers.
La sexualité est parfaitement réglée par des dosages chimiques. C’est le grand U qui délivre les autorisations d’avoir des enfants. Le contrôle de la population – pour son bien – est total : chacun est équipé d’un bracelet inamovible qui permet de localiser les déplacements aussi bien que suivre l’état de santé et de remédier immédiatement à tout signe morbide. À l’âge de soixante deux ans, la vie se termine par une injection létale – une euthanasie. À la différence de 1984,  il n’y a pas de répression violente, pas de procès, pas de séances de haine. C’est au contraire la douceur qui doit régir tous les rapports entre individus. Les déviants ou les dissidents sont des malades qu’il faut soigner.
La reconquête de la liberté, c'est-à-dire tout simplement de la vie, va supposer la rupture avec ce « bonheur insoutenable. » Les « résistants » se réunissent clandestinement pour fumer du tabac... Le bonheur résidait dans la santé, la sécurité, les relations pacifiques au sein d’une communauté protectrice. Le héros, Copeau, va apprendre à être malheureux pour redevenir vraiment vivant. Redevenir vivant et en bonne santé, être capable de vouloir, c’est accepter l’agressivité, la violence, les conflits, la dissimulation. C’est accepter un « bonheur triste ».
D.C.

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